La compagnie aérienne Emirates Airlines a vu son bénéfice annuel reculer de 69% à 237 millions de dollars, le plus bas depuis dix ans, en raison du prix du carburant, de la concurrence et des taux de change, sur un chiffre d’affaires en hausse de 6%. Le Groupe reste rentable pour la 31eme année consécutive.
Malgré « une vive concurrence sur ses principaux marchés » selon son communiqué, la compagnie basée à l’aéroport de Dubaï est parvenue à accroître son chiffre d’affaires de 6%, à 26,7 milliards USD. Le raffermissement relatif du dollar américain face aux devises d’un grand nombre de marchés clés d’Emirates a eu un impact défavorable de 156 millions USD sur le résultat net de la compagnie aérienne, contrastant fortement avec l’effet change favorable de 180 millions USD observé l’année dernière. Les charges d’exploitation totales ont augmenté de 8% par rapport à l’exercice 2017-2018, tandis que le prix moyen du kérosène a encore augmenté de 22% sur l’exercice, après une hausse de 15% l’année dernière. Avec l’augmentation de 3% des capacités, la facture de kérosène d’Emirates s’est « alourdie considérablement » de 25% par rapport à l’exercice précédent, à 8,4 milliards USD ; il s’agit de la facture de carburant la plus élevée que la compagnie n’ait jamais acquittée, le carburant représentant désormais 32% des charges d’exploitation, contre 28% en 2017-2018 (il demeure le premier poste de coûts de la compagnie aérienne).
Dans un contexte de prix du kérosène élevé, un environnement fortement concurrentiel et d’un impact change défavorable, la compagnie enregistre un bénéfice de 237 millions USD, en retrait de 69% par rapport à l’exercice précédent, et une marge bénéficiaire de 0,9%. La croissance globale du trafic passager s’est maintenue, Emirates ayant transporté 58,6 millions de passagers (en hausse de 0,2%). Compte tenu de l’accroissement de 4% de la capacité offerte, la compagnie atteint un coefficient d’occupation moyen de 76,8% ; la « légère diminution » de ce coefficient par rapport au chiffre de 77,5% enregistré l’année dernière « reflète l’impact du ralentissement des économies régionales sur la demande de voyages, et une vive concurrence sur de nombreux marchés ». Grâce aux augmentations tarifaires et une évolution favorable du mix des classes de voyages, le prix moyen par passager-kilomètre transporté (PKT) ressort en hausse de plus de 3% à 7,1 US cents, « avec un impact toutefois en partie amoindri par le raffermissement de l’USD face à la plupart des devises ».
Les avoirs de trésorerie d’Emirates Airlines s’établissaient, à la clôture de l’exercice, à 4,6 milliards USD, « soit un niveau confortable ». Le chiffre d’affaires réalisé dans les six régions d’Emirates reste réparti de manière équilibrée, aucune d’entre elles ne représentant plus de 30% du chiffre d’affaires total. L’Europe apporte la plus forte contribution au chiffre d’affaires (7,7 milliards USD), en hausse de 6% par rapport à l’exercice 2017-18. L’Asie de l’Est et l’Océanie suivent de près (7,2 milliards USD), en progression de 5%. La région Amériques enregistre une croissance du chiffre d’affaires de 8% (3,9 milliards USD). Le chiffre d’affaires de l’Afrique a augmenté de 9% (2,8 milliards USD), tandis que celui des pays du Golfe et du Moyen-Orient a reculé de 3% (2,3 milliards USD). Enfin, celui de la région Asie de l’Ouest/Océan Indien s’inscrit en hausse de 6% (2,2 milliards USD).
Les capacités totales d’Emirates en termes de transport de passagers et de fret ont franchi la barre des 63 milliards, à 63,3 tonnes-kilomètres offertes (TKO) à la clôture de l’exercice 2018-2019, confortant sa position de compagnie aérienne internationale la plus importante au monde. La compagnie émiratie a augmenté modérément ses capacités au cours de l’exercice (+3% par rapport à 2017-2018), « avec pour priorité l’amélioration de la recette unitaire » précise-t-elle dans un communiqué. Emirates Airlines a pris livraison de 13 nouveaux appareils durant l’exercice, à savoir sept Airbus A380 et six Boeing 777-300ER (dont le dernier 777-300ER en commande). La prochaine livraison de Triple Sept est prévue pour 2020, quand Emirates recevra son premier 777X. Elle a dans le même temps retiré du service onze appareils plus anciens, portant l’ensemble de la flotte à 270 avions au 31 mars 2019. Ce rajeunissement portant sur 24 appareils « est à nouveau l’un des plus importants entrepris sur un exercice » ; la moyenne d’âge de la flotte d’Emirates « demeure jeune » à 6,1 ans.
En 2018-2019, le Groupe a collectivement investi 3,9 milliards USD dans l’achat de nouveaux appareils et équipements, l’acquisition de sociétés, la construction d’installations modernes, les technologies les plus récentes et les initiatives en faveur du personnel. Les dépenses d’investissement ont ainsi considérablement augmenté par rapport au montant de l’année dernière (2,5 milliards USD). En février, Emirates a annoncé la commande de 40 A330-900 et de 30 A350-900 pour une valeur catalogue de 21,4 milliards USD à livrer respectivement à partir de 2021 et 2024. La compagnie recevra en outre 14 A380 entre 2019 et fin 2021, portant le nombre total de ses commandes à 123 superjumbos – un total réduit de 39 exemplaires en février, ce qui a poussé Airbus à annoncer l’abandon du programme A380.
Pour financer le développement de sa flotte, Emirates a levé au cours de l’exercice un montant de 3,9 milliards USD, associant prêts à terme, crédit-bail et leasing. « Tirant parti de la profondeur accrue du marché des financements structurés japonais », les six livraisons de 777-300ER ont été toutes financées par des contrats JOLCO (Japanese Operating Lease with a Call Option) de location avec option d’achat, qui ont permis de lever plus de 1 milliard USD. Depuis 2014, Emirates a levé plus de 7,6 milliards USD sur le marché des financements structurés japonais. Une obligation Sukuk de 600 millions USD émise en mars 2018 a financé l’acquisition de deux A380, tandis que les cinq A380 restants ont été payés en associant location opérationnelle, crédit-bail éligible à la garantie de l’Agence de crédit à l’exportation (Export Credit Agency ou ECA) et contrats de location financière conclus auprès d’investisseurs institutionnels et d’établissements bancaires de Corée du Sud, d’Allemagne, du Royaume-Uni et du Moyen-Orient. Ces opérations démontrent la capacité d’Emirates à faire appel à des financements divers grâce à son accès aux liquidités internationales, témoignant de la bonne santé financière du Groupe et de la confiance des investisseurs dans le modèle économique de la compagnie ».
Au cours de l’exercice, Emirates a inauguré trois nouvelles destinations pour les passagers : Londres-Stansted (Royaume-Uni), Santiago (Chili) et Edimbourg (Écosse), et rouvert la liaison avec Istanbul-Sabiha Gokcen (Turquie). La compagnie a également augmenté ses liaisons vers 14 destinations existantes et ses capacités vers six destinations, « proposant à ses clients davantage de choix horaires et de correspondances ». Au-delà de la croissance organique de son réseau, Emirates a développé sa connectivité mondiale et son offre commerciale grâce à la signature de nouveaux accords de partage de code avec Jetstar Pacific et China Southern Airlines ; elle a en outre renforcé son partenariat commercial stratégique avec South African Airways. Le partenariat avec la low cost Flydubai a continué de s’étendre ; les clients d’Emirates ont désormais accès à 67 nouvelles destinations desservies par Flydubai, avec des connexions optimisées grâce a 11 vols de la low cost opérés depuis le Terminal 3 d’Emirates. Le partenariat a aussi permis à Emirates Skywards de devenir le programme de fidélité commun d’Emirates et de Flydubai.
Tout au long de l’exercice, Emirates a introduit des améliorations dans son offre de produits et de services à bord, au sol et en ligne. Elle rappelle notamment : l’achèvement du programme de rénovation de l’intégralité de la flotte de 777-200LR, dotée de nouveaux sièges en Classe Affaires et de cabines entièrement rajeunies en Classe Économique, le lancement d’Emirates Vintage Collection, collection de grands crus d’Emirates de plus de 15 ans d’âge, et l’introduction de nouveaux produits de luxe en Première Classe et Classe Affaires, fruits d’une collaboration avec des marques comme Bowers & Wilkins, Bulgari et BYREDO. Au sol, Emirates a créé un nouveau service permettant à ses clients d’enregistrer leurs bagages depuis leur résidence, leur hôtel ou leur bureau, et de les faire transporter avant leur départ ; a doté l’aéroport du Caire d’un salon dédié et rajeuni les salons existants de New York et Rome ; et a démarré une série de tests pilotes en vue de la mise en place du premier itinéraire biométrique à l’aéroport de Dubaï, tirant parti des dernières technologies de reconnaissance biométrique pour faciliter les formalités d’enregistrement, de douane et d’embarquement. Sur Internet, Emirates est devenue la première compagnie à proposer une modélisation des sièges en 3D grâce aux technologies de réalité virtuelle en ligne, pour que les clients puissent visualiser les cabines et choisir leur siège. La compagnie a par ailleurs enrichi son application mobile d’une nouvelle fonctionnalité permettant aux passagers de préparer à l’avance une sélection personnelle « parmi une offre riche de plusieurs milliers de films, musiques et autres divertissements » qu’il leur suffira de synchroniser depuis leur mobile vers l’écran de leur siège une fois installés à bord.
Emirates SkyCargo réalise à nouveau un bon exercice sur un marché très concurrentiel et marqué par un fléchissement de la demande, générant 14% du chiffre d’affaires total de la compagnie dans le transport. Sur un marché du fret aérien « qui pâtit de pressions persistantes sur les prix et d’un ralentissement de la demande », la division Cargo d’Emirates a publié un chiffre d’affaires de 3,6 milliards USD, en hausse de 5% par rapport à l’exercice précédent, tandis que les volumes transportés ont progressé légèrement (1%) pour atteindre 2,7 millions de tonnes. Pour la deuxième année de suite, le rendement du fret mesuré en tonnes-kilomètres (FTKM) a augmenté de 3%, « soulignant la capacité d’Emirates SkyCargo à conserver et étoffer sa clientèle malgré la hausse du prix du carburant et un fléchissement de la demande sur de nombreux marchés ». La flotte totale d’avions-cargos Emirates SkyCargo se compose de 12 Boeing 777F. Outre les capacités de fret offertes à travers sa flotte Passagers, Emirates SkyCargo a ouvert une nouvelle liaison Cargo vers Bogota (Colombie) et rouvert ses services de fret vers Erbil (Iraq). Emirates SkyCargo a continué de développer des produits innovants, taillés sur mesure pour les principaux segments du marché. En avril, la société a lancé Emirates AOG, un nouveau produit de fret aérien conçu pour transporter rapidement les pièces détachées d’aéronefs à travers le globe. En août, a suivi le lancement d’Emirates Pets et d’Emirates Pets Plus, deux produits de transport aérien « nouveaux et complets pour garantir la sécurité et le confort des animaux de compagnie, grâce à des services comme le contrôle vétérinaire, la vérification des documents de voyage, le transport porte-à-porte et la réservation des vols retour pour les animaux de compagnie ». La division Hôtellerie d’Emirates a enregistré un chiffre d’affaires de 182 millions USD, en retrait de 10% par rapport à l’exercice précédent, dans le contexte d’une nouvelle intensification de la concurrence aux Émirats arabes unis affectant le tarif moyen et les taux d’occupation des chambres.
On retiendra également dans les résultats financiers dévoilés jeudi que le Groupe Emirates enregistre une 31ème année consécutive de rentabilité avec un bénéfice de 631 millions USD, en retrait de 44% par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires du Groupe ressort à 29,8 milliards USD (+7%), avec une trésorerie à 6 milliards USD (-13%) « du fait principalement d’investissements importants soutenant l’activité, et notamment d’acquisitions significatives, et du paiement du dividende de l’année dernière pour un montant de 545 millions USD ». Le bénéfice réalisé a permis au Groupe de déclarer le versement d’un dividende de 136 millions USD au profit de la société Investment Corporation of Dubai au titre de l’exercice 2018-2019. L’exercice 2018-19 s’est en particulier distingué comme le plus rentable de l’histoire de dnata, avec un bénéfice de 394 millions USD. Ce chiffre tient compte d’une plus-value de cession exceptionnelle sur la vente à Amex Travel Business Group des 22% que dnata détenait dans la société de gestion des déplacements professionnels Hogg Robinson Group (HRG) ; sans cette opération exceptionnelle, le bénéfice de dnata aurait reculé de 15% par rapport à la même période de l’an dernier. Le chiffre d’affaires total de dnata a progressé de 10% pour s’établir à 3,9 milliards USD, « grâce à la croissance ininterrompue des activités de ses quatre divisions, aussi bien interne (fidélisation des clients et signature de nouveaux contrats) qu’externe (nouvelles acquisitions) ». L’activité internationale de dnata représente désormais 70% de son chiffre d’affaires.
Son Altesse le Cheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum, Président-Directeur général d’Emirates Airline et du Groupe, a déclaré : « 2018-19 a été une année difficile, et nos performances n’ont pas été à la hauteur de nos espérances. La hausse des cours du pétrole et le raffermissement du dollar ont pesé sur nos résultats, alors même que la concurrence s’intensifiait sur nos principaux marchés. Il semble que l’on assiste à une inversion de la tendance de la demande mondiale de fret aérien, qui était en légère augmentation l’année dernière, tandis que la demande de voyages a faibli, en particulier dans notre région, ce qui affecte à la fois dnata et Emirates. Chaque cycle économique est différent, et nous continuons de déployer notre énergie et notre intelligence pour relever les défis et saisir les opportunités. Notre objectif a toujours été de bâtir une entreprise rentable, durable et responsable basée à Dubaï, et ces principes continuent de guider nos décisions et nos investissements ».
Air France Air Chance a commenté :
10 mai 2019 - 10 h 18 min
Bulle qui éclate ou véritable crise du transport aérien qui se profile…
loracle a commenté :
10 mai 2019 - 10 h 46 min
Les surcapacités sur cette partie du monde se fait de plus en plus souvent ressentir… Les autres golfes sisters souffrent.
Les vols de point à point en direct redeviennent la norme.
Même la mythique route Kangourou devient direct.
Les nouveaux avions sont moins gourmands en carburants, et permettent de prévoir des vols Très longs et rentable.
Et, quoi que l’on en dise, la qualité du service s’est aussi dégradé sur Emirates (Baisse des couts) et à augmenter sur les compagnies européennes.
Loracle ...EK a commenté :
10 mai 2019 - 12 h 57 min
Dire que les points par points redeviennent la norme n’est pas vrai. Tout dépend de votre destination. Et d’autres paramètres.
Si vous prenez l’exemple d’un CDG-BKK plus de 90 % des vols ne sont pas faits par du points par points mais bien en transit.
La norme est donc plutôt dans ce sens !
Oman, Lufthansa Air China ou China Southern etc…arrivent à vous sortir des vols à moins de 450 € en basse saison…L’élément clé est la concurrence/prix qui sur certaines destinations est très forte avec notamment des surcapacités en basse saison.
Même la mythique route Kangourou devient direct, c’est vrai que sur une seule destination depuis Londres-Perth mais ce n’est donc pas une norme et demeure que marginal.
Il n’existe aucun Paris-Sydney direct donc le point par point ne saurait être une norme.
Peut être dans un futur proche ?
Un CDG-sydney coûte 1200 € avec le Kangourou quand aux mêmes dates Air China propose des vols à la moitié du prix ! (moins de 600) avec des temps d’escale à rallonge (je vous l’accorde) mais tout dépend à quelle catégorie de voyageur on appartient, celui qui a un petit budget et du temps choisira cette option et se fiche pas mal du point par point qui d’ailleurs n’existe pas !
Frequent Flyer a commenté :
10 mai 2019 - 11 h 30 min
Je suis perdu, depuis des années on nous dit que EK est en déficit mais que les comptes sont truqués.
😉
Ceci voudrait dire qu’ils ne l’étaient pas?
peter a commenté :
10 mai 2019 - 13 h 00 min
ils le sont peut être mais l’État n’as peut être plus envie de mettre de l’argent sans avoir de retour derrière.
Hclaudepie a commenté :
10 mai 2019 - 15 h 18 min
Enfin, ces résultats ne sont pas une catastrophe… CA +6%, trésorerie 4.6 milliards de $ et bénéfice net de 237 millions, plus de 6 milliards d’investissements… Beaucoup de compagnies aériennes parmi les majors se satisferaient de ces fondamentaux financiers…
Juan Trippe a commenté :
10 mai 2019 - 18 h 46 min
+1 La hausse des prix du pétrole et les taux de change moins favorables concernent de nombreuses cies…mais certaines sont mieux équipées pour y faire face.
Mastercar2a a commenté :
10 mai 2019 - 19 h 55 min
Rien que sa voisine Etihad serait satisfaite d’avoir le tiers de ces résultats…?
fcb1962 a commenté :
11 mai 2019 - 9 h 37 min
An voilà une bonne nouvelle matutinale! Pourvu que cette chute continue de façon à ramener un peu de justice dans la concurrence déloyale qui perdure depuis des années avec ces compagnies esclavagistes du Golfe!
NDR a commenté :
11 mai 2019 - 10 h 53 min
EK a encore de beaux jours devant elle certes, mais ce qui risquera de lui faire mal est le A380 qu’elle a et le A321Neo LR qu’elle n’a ni elle ni sa fille flydubai, je m’explique le A380 qui était son atout va bientôt devenir un fardeau quand elle ne trouvera pas de centres de maintenance durant ses escales déjà qu’elle ne trouvait pas assez d’aéroports pour le poser et le A321LR qu’elle n’a pas Indigo et Air Arabia vont faire mal a Emirates et aux autres Cies régulières de cette région , Air Arabia en a peine reçu qu’elle prépare déjà de nouvelles dessertes en Chine, Thailande et aux archipels d’Asie du sud est.
EK a commenté :
13 mai 2019 - 8 h 33 min
Dubai dispose du plus grand centre de maintenance A380 de la planète.
Il n’est donc pas difficile de planifier les maintenances de différents niveaux à Dubai.
D’ailleurs certaines compagnies ayant des A380 vont à Dubai pour leur maintenance !
La clientèle volant sur des low cost n’est certainement pas la même qui vole en business ou en first ! Vos comparaisons sont stupides !
Commencez par prendre l’avion et vous verrez…