Les enquêteurs ont récupéré les deux enregistreurs de vol du Superjet 100 de la compagnie aérienne Aeroflot qui s’est écrasé à l’atterrissage dimanche à Moscou, entrainant la mort de 40 passagers et d’un steward. Aucune immobilisation générale des monocouloirs russes n’est envisagée à ce stade.

L’accident du SSJ100-95 de la compagnie nationale russe le 5 mai 2019 à l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo a fait 41 victimes parmi les 73 passagers et cinq membres d’équipage du vol SU1492 vers Murmansk. Les enquêteurs du Interstate Aviation Committe (MAK) ont confirmé hier soir avoir récupéré les deux boîtes noires, le CVR (enregistreur des voix du cockpit) étant dans un état « satisfaisant » tandis que le FDR (enregistreur des données de vol) a subi d’importants dommages après avoir été soumis à « une chaleur intense ». Le SSJ100-95, MSN95135 immatriculé RA-89098, avait effectué son premier vol en juin 2017 ; sa maintenance la plus récente avait été effectuée début avril, et le crash de dimanche faisait suite à trois vols effectués sans problème dans la journée.

L’autorité russe de l’aviation civile Roaviatsia a confirmé de son côté que l’appareil avait été touché par la foudre à une altitude de 2100 mètres environ, ce qui a entrainé une panne électrique affectant entre autres le pilote automatique et les radios ; l’équipage a alors demandé et obtenu l’autorisation de revenir se poser en urgence. Le commandant de bord Denis Evdokimov, dernier sorti de l’avion en feu selon la presse russe, a déclaré hier à la Komsomolskaïa Pravda qu’à cause de cet impact de foudre, « nous avons perdu le contact radio et sommes passés en régime de pilotage minimal (…) c’est-à-dire sans ordinateur comme à l’ordinaire, mais de manière directe, en régime d’urgence ».

L’avion a rebondi sur la piste après un premier touché, puis le train d’atterrissage s’est affaissé et a apparemment crevé les réservoirs d’ailes, les moteurs s’embrasant. Après une longue course, l’appareil s’est finalement immobilisé entre deux taxiways, plusieurs passagers s’échappant par les toboggans avant et les pompiers finissant par éteindre l’incendie au bout de 45 minutes. L’évacuation de l’épave hier a montré un fuselage entièrement détruit derrière les ailes.

Aeroflot a confirmé hier que des compensations seront versées aux familles des victimes dès ce 7 mai, « en plus des paiements standards des assurances au titre de la loi fédérale », à hauteur de 5 millions de roubles par victime (environ 68.300 euros). Les passagers n’ayant pas été blessés recevront 1 million de roubles (environ 13.700 euros), et ceux qui ont « demandé une aide médicale » le double. Ces paiements immédiats ne tiennent pas compte d’éventuels procès. Le dernier accident mortel de la compagnie nationale russe remonte à 1994, quand le commandant de bord d’un Airbus A310 volant vers Hong Kong (vol SU593) avait pris son fils sur ses genoux et lui avait « confié » les commandes, entrainant la désactivation du pilote automatique ; 75 personnes avait été tuées dans l’accident.

Le ministre des transports Yevgeny Ditrikh a déclaré hier qu’il n’y avait « pas de raison » à ce stade pour imposer une immobilisation de tous les Superjet en service, les enquêteurs examinant toutes les pistes possibles pour expliquer l’accident – panne technique, erreur humaine et bien sûr le mauvais temps. Aeroflot a cinquante SSJ100 en service, et s’est engagé à en acheter 100 autres ; Yamal Airlines (16 en service) aurait déclaré hier renoncer à une commande de dix exemplaires supplémentaires – en raison des coûts élevés de maintenance et pas de questions sur la sécurité de l’avion russe. Les Superjet ont été impliqués dans quatre accidents à ce jour dont un seul mortel, un vol de démonstration en Indonésie qui avait fait 45 morts en mai 2012 ; l’enquête avait imputé l’accident à des erreurs humaines.

Le trafic devrait redevenir normal à partir de ce mardi à l’aéroport Sheremetyevo, après une réduction des mouvements depuis l’accident ; l’ouverture de la troisième piste reste prévue pour le mois de juillet. Aeroflot y a supprimé 32 rotations lundi, et encore 15 aujourd’hui – ses vols vers Paris-CDG n’étant pas affectés.

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Crash d’Aeroflot : boîtes noires, foudre et compensations 1 Air Journal