Le voyagiste Transat AT Inc. a annoncé hier être en « discussions préliminaires » concernant sa vente potentielle, qui inclura la compagnie aérienne Air Transat
Le cours de l’action de la société canadienne a bondi de 46% à la bourse de Toronto le 30 avril 2019, suite à la confirmation de « discussions préliminaires avec plus d’une partie concernant une transaction potentielle visant l’acquisition » du groupe basé à Montréal. Ces discussions font suite à la « réception de manifestations d’intérêt », Transat AT ayant formé un comité spécial d’administrateurs indépendants « chargé d’évaluer les propositions avec l’aide de conseillers financiers et juridiques, de considérer, et, si jugé approprié, entreprendre un processus de revue formelle des options stratégiques, d’examiner toute proposition alternative », et de faire des recommandations au conseil d’administration dans l’intérêt de la Société et de toutes ses parties prenantes. Cette situation « n’a aucune incidence » sur les clients ou les employés de Transat, ni sur ses opérations qui se poursuivent comme à l’accoutumée, conclut le communiqué du voyagiste, rappelant qu’il n’y a aucune garantie qu’une transaction sera conclue.
Transat AT, entreprise de tourisme international intégrée spécialisée dans le voyage vacances, a vu son chiffre d’affaires progresser de 6% en 2018 à près de trois milliards de dollars, mais il a enregistré une perte d’exploitation annuelle de 44,5 millions de dollars – suivie par une autre de 38 millions au premier trimestre 2019. Le PDG Jean-Marc Esutache évoquait d’ailleurs hier à l’AG une année écoulée « à la fois extraordinaire et décevante ». Le voyagiste mène un programme de réduction de coûts de 150 millions de dollars sur cinq ans, investit dans des projets dont la rentabilité appartient au futur (comme des complexes hôteliers au Mexique), et renouvelle la flotte d’Air Transat – qui doit mettre en service cette année deux des quinze Airbus A321neo LR commandés.
Si des raisons de concurrence devraient empêcher Air Canada d’acquérir Transat, la porte est ouverte en revanche à WestJet et Sunwing. Trois actionnaires québécois possèdent ensemble une minorité de blocage dans Transat : le gestionnaire Letko Brosseau (18,2%), le Fonds FTQ (11,6%) et la Caisse de dépôt (5,9%) ; « on est toujours disponibles pour appuyer des acquéreurs québécois », a commenté un porte-parole du Fonds FTQ, Patrick McQuilken, dans le Journal de Montréal. Le gouvernement québécois qui souhaite conserver le siège de la société et ses 5000 employés à Montréal, se dit prêt à participer financièrement.
Mais l’acheteur potentiel pourrait être étranger (même si la loi canadienne interdit désormais aux étrangers de posséder plus 49% du capital d’une compagnie aérienne). Benoit Poirier, analyste chez Desjardins, a évoqué sur Radio Canada des fonds d’investissement comme KKR aux Etats-Unis, EQT Partners en Suède ou Fosun en Chine, qui ont déjà exprimé leur intérêt pour le voyagiste Thomas Cook en Grande Bretagne. Le groupe TUI, qui possède déjà 49% de Sunwing Travel, est également sur de nombreuses lèvres.
Aucun commentaire !