Guillaume Faury prend ce mercredi les commandes d’Airbus, succédant à Tom Enders avec au programme des chantiers allant des nouveaux avions aux problèmes judiciaires, en passant par la nouvelle attaque des Etats-Unis devant l’OMC. Un sixième BelugaXL va être construit, tandis que trois A350-900 auraient été commandés par le gouvernement allemand.
Alors que le géant européen fêtera le mois prochain son cinquantième anniversaire, le président de la branche Commercial Aircraft Guillaume Faury devient ce 10 avril 2019 CEO d’Airbus SE (président exécutif). A 51 ans, il a exercé plusieurs fonctions de top management au sein d’Eurocopter entre 1998 et 2008, tout d’abord dans l’ingénierie et les essais en vol, avant de devenir Exécutif Vice-Président des Programmes commerciaux, puis Exécutif Vice-Président pour la Recherche & Développement. Il a rejoint Peugeot S.A. en 2009, puis a fait en mai 2013 son retour chez Airbus pour prendre la direction de la Division Airbus Helicopters, avant d’être nommé début 2018 à son poste actuel.
Parmi les défis attendant Guillaume Faury figurent une série d’affaires de corruption en France, au Royaume Uni, aux USA et en Inde entre autres, la gestion de crises telles que le Brexit (les ailes de l’A350 sont par exemple construites à Filton en Grande Bretagne) ou l’A400M, la concurrence du secteur privé avec Arianespace, le lancement d’un nouvel avion de combat avec Dassault ou la modernisation de l’outil industriel. Sans oublier la nouvelle attaque des Etats-Unis, qui vise spécifiquement Airbus : les USA menacent d’imposer des hausses de taxes douanières dès cet été, si l’Union européenne ne met pas un terme à certaines subventions. Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce, estime dans un communiqué que ces subventions « pénalisent » les États-Unis à hauteur de 11 milliards de dollars d’échanges commerciaux chaque année ; la liste de produits visés inclut des hélicoptères et avions civils, des pièces détachées – mais aussi des produits alimentaires, des vêtements ou des motos… Le tout dans le cadre de la bagarre des deux géants de l’aviation devant l’OMC – dont le dernier jugement fin mars avait justement condamné Boeing…
Airbus a réagi hier, qualifiant la décision du gouvernement américain de « totalement injustifiée » et affirmant que la Commission européenne pourrait proposer des « contre-mesures beaucoup plus étendues ». Mais le constructeur souligne aussi que la seule solution à ces « tensions commerciales inutiles » est un règlement négocié. Un ton adopté également par les instances européennes, qui vont demander à l’OMC des « éclaircissements » sur ces droits de rétorsion afin de « prendre rapidement des mesures » ; mais la Commission se dit ouverte à des discussions avec le gouvernement américain, à condition qu’elles « soient sans conditions préalables et visent un résultat équitable ».
Côté avions, Airbus a annoncé hier que la famille BelugaXL attend un sixième enfant : alors que la production des avions de transport « continue de progresser comme prévu », le programme va ainsi être « pérennisé ». Cette extension, passant du nombre initialement ciblé de cinq appareils à un nouveau total de six, permettra de garantir que la capacité fournie par les BelugaXL pourra « prendre en charge de nombreux scénarios ». « Dans plusieurs années, nous pourrions être confrontés à des situations telles que des augmentations de tarif supplémentaires pour nos avions de ligne ou la mise au sol d’un des transporteurs aériens, ce qui ferait de ce” sixième “avion supplémentaire un élément essentiel de notre réseau de transport », a expliqué dans un communiqué Bertrand George, directeur du programme BelugaXL chez Airbus.
Le premier BelugaXL – un A330 largement modifié, conçu pour transporter des composants d’aéronef volumineux au sein du réseau de production d’aéronefs Airbus – a effectué son premier décollage en juillet 2018 et est maintenant utilisé pour des tests de compatibilité et de vérification sur des sites du réseau industriel européen d’Airbus, notamment un premier voyage en février avec une série d’ailes A350 XWB reliant Brême (Allemagne) à Toulouse. France. Ce mois-ci, le deuxième transporteur a été peint dans les locaux de Toulouse. Le BelugaXL entrera officiellement en service plus tard cette année et d’ici 2023, les six appareils seront pleinement opérationnels, remplaçant ainsi la flotte existante de super-transporteurs A300-600ST d’Airbus (également connus sous le nom de Beluga ST). Cela ne suggère toutefois pas la fin des cinq ST Béluga, souligne Airbus, et leur avenir « est actuellement à l’étude ».
On retiendra enfin que selon Der Spiegel Online, le gouvernement allemand aurait commandé trois Airbus A350-900 en configuration VIP, livrables à partir de juin 2020. Le coût estimé est à 640 millions d’euros pour les trois avions, plus 280 millions pour l’aménagement intérieur et 229 millions pour les équipements de défense anti-missile et les pièces détachées. Le contrat devrait être signé le 15 avril avec Lufthansa Technik, précise le site ; la décision aurait été prise après les problèmes rencontrés par les A340-300 gouvernementaux âgés d’une vingtaine d’années, notamment lors du G20 à Buenos Aires en novembre dernier. Un des trois A340-300 serait conservé.
nonaucdgexpress a commenté :
10 avril 2019 - 11 h 29 min
Ce brillant diplômé à qui tout a réussi aurait peut-être pu s’occuper des affaires A380 évitant ainsi l’arrêt d’un programme phare qui va coûter des millions (ou des milliards) à Airbus et aux salariés qui avaient été mis sur ce programme.
Chez Airbus, le pdg n’est pas responsable, le programme se plante, l’avion ne se vend pas, le pdg part avec un chèque de 38 millions.
Question subsidiaire : Quelle sera la retraite chapeau de G. Faury quand Airbus s’en séparera?
A380 a commenté :
10 avril 2019 - 13 h 29 min
D’un côté vous gémissez à l’arrêt du programme et de l’autre vous dites que l’avion ne se vend pas.
Faudrait savoir ce que vous voulez…
300 A380 = 600 autres autres avions.
Donc, je me dis que c’est déjà une belle réussite.
Ensuite, je pense qu’Airbus a annoncé un peu trop tôt l’arrêt de la fabrication et qu’il y avait des possibilités de marché et de renouvellement sous conditions : nouvelle motorisation, version ULR, et une version légèrement allongée.
rv2lyon a commenté :
10 avril 2019 - 13 h 55 min
Les visions simplistes et les raccourcis sont tellement faciles à faire. La critique négative est de même très prolixe. Apporter des solutions et des idées concrètes est beaucoup plus difficile.
Le programme A380 n’a pas été une réussite commerciale, c’est vrai. il a été par contre une avancée technique, une source de progrès énorme pour le travail des équipes entre Français et Allemands et le coût sera d’avoir moins de bénéfices. Et pour les salariés du programme ? Pourquoi voudriez-vous que cela coûte aux salariés ? On va leur demander de payer de leur poche ? Les virer ? Votre vision du XIXème siècle est bien limitée.
Et pour vous Tom Enders à planté son mandat ! Combien d’avions ont été commandés, livrés et de milliards de bénéfice durant sont mandat ???
Votre commentaire gauchiste est ridicule
nonaucdgexpress a commenté :
10 avril 2019 - 15 h 49 min
Pas plus gauchiste que votre point de vue n’est patronal.
Tout nouvel avion est une source de progrès techniques, c’est le propre de l’industrie et applicable à quasiment tous les productions industrielles.
Airbus c’est aussi l’A400M, autre gouffre financier, que Tom Enders si brillant fut-il n’a pas vraiment redressé ni rendu rentable, un objectif simple à mesurer par rapport aux retombées des progrès techniques.
rv2lyon a commenté :
10 avril 2019 - 16 h 08 min
Si vous avez un minimum de connaissance politique, vous savez qu’Airbus sur l’A400M a du faire face à des pressions politiques où chacun voulait un avion en Europe qui puisse correspondre à ses besoins. Bref le mouton à 5 pattes. L’on se demande même comment Airbus a réussi la prouesse technologique de construire cet avion. Il ne sera jamais rentable, car commandé par des états pour des états. Il n’a pas été produit pour vendre un produit commercial comme c’est le cas des Airbus civils.
Il a permis aux pays Européens de s’affranchir de l’approvisionnement US en transport tactique. Pour savoir faire ce qu’il sait faire, il faut au moins deux ou trois autres avions ailleurs. Doit-on virer aux USA les patrons de Boeing car ils sont incapables de faire un avion ravitailleur sur base de 767 ? Doit-on virer le patron de Lockeed pour avoir fait un F35 calamiteux financièrement? Une fois de plus, les politiques veulent des choses que les industriels ne savent pas faire et comme ce n’est pas leur argent, ils payent et rejètent ensuite la faute sur les industriels. Et je vous rassure, je ne suis ni patron, ni possesseur de retraite chapeau. Juste un passionné d’aviation qui en a marre de voir des commentaires ridicules
Bencello a commenté :
10 avril 2019 - 16 h 42 min
Vous “oubliez” l’A320Neo, qui a été le programme qui s’est vendu le plus rapidement, et qui a poussé Boeing à sortir son 737Max avec le succès que l’on sait.
Si le bilan de Mr Enders n’est pas mirifique, il n’est pas catastrophique non plus.
Danao a commenté :
10 avril 2019 - 15 h 51 min
En effet, son commentaire est absurde.
C’est certes symboliquement pas une réussite que d’arrêter “le programme phare”, car “le plus gros avion civile”.
Et à Airbus, cela fait un pincement au coeur de tout le monde.
MAIS Airbus est avant tout un industriel, qui se doit de favoriser ce qui est rentable et a de l’avenir sur le marché… à savoir, l’héritier technologique de l’A380, le nouveau petit pain aérien (prenant le pas sur les A320 il faut espérer, ce qui serait logique vu l’augmentation de la fréquentation mondiale) … l’A350.
Il fût longtemps dit à tord que l’A380 avait 10 ans d’avance, mais Enders de manière bien plus compétente a reconnu que c’était le contraire, l’A380 a été trop tardif … tant les quadriréacteurs ne sont plus d’actualité, vis à vis du prix du baril et de la politique “lowcost” des compagnies qui c’est développée (favorisant les courts trajets, aux services optionnels).
L’A380 est et restera une fierté, pratiquement comme concorde au fond (sauf que y en a réellement bien plus qui auront volé et qui vont continuer de le faire une bonne quinzaine d’années hein).
C’est tout, c’était une transition, Airbus (et tout ses employés, de la direction aux compagnons) se doit de s’adapter. les trains ne sont plus à vapeur … et beh le trafic aérien n’a plus besoin de quadri !
Quadri ? a commenté :
10 avril 2019 - 21 h 10 min
Ce n’est pas un problème de quadri ou pas mais de remplissage. (Les moteurs d’un A380 sont plus petits que sur un 777).
Pour un avion deux ponts, rien d’anormal à ce qu’il soit en quadri !
Un A380 rempli est plus économique qu’un 777 !
Qui sait,on reverra peut être un nouveau deux ponts dans quelques années si les aéroports étaient davantage saturés…
Bencello a commenté :
10 avril 2019 - 16 h 47 min
Il semble plutôt sain qu’un 6ème Beluga XL sorte afin de prévoir une montée en cadence et une marge (immobilisation d’un des appareils)
Par ailleurs, je ne serais pas étonné que quelques “anciens ” Beluga continuent leur petite vie sur du transport exceptionnel hors normes
Forza a commenté :
10 avril 2019 - 17 h 25 min
93 millions d’euros d’aménagement intérieur par avion pour Angela…!
Mais qu’est qu’ils mettent donc là dedans pour valoir le prix d’un immeuble ???
Je veux bien qu’ils mettent des canapés en cuir et des robinets en or, mais quand même !
Danao a commenté :
10 avril 2019 - 18 h 19 min
Forza, sachez que la technologie embarquée est toujours beaucoup, beaucoup plus chère que celle concernant le plancher des vaches. Et il faut évidemment comprendre que ces avions sont fait pour transporter en même temps, l’exécutif d’un pays avec tout le confort mais aussi les outils nécessaires (communication/conférence) à l’usage de ses fonctions “pendant le vol” … ainsi que les services techniques (sécurité nationale). il faut donc un grand nombre d’aménagements “spécifiques” à la nature du convoi lui même ET que tout cela soit adapté et fait sur mesures (notamment pour répondre aux exigences bien plus drastiques en ce qui concerne l’aéronautique et ses limitations techniques).
Bref, un immeuble, c’est avant tout du béton, dont la main d’œuvre à assembler n’est pas si chère. un avion, c’est avant tout des dessinateurs 3D qui “dessinent” tout à la bonne dimension et font fabriquer à l’unitée ce qui augmente les coûts vertigineusement.
L’aéro est un luxe, d’autant plus quand on sort des commandes “en serie” ….
goomy a commenté :
11 avril 2019 - 10 h 39 min
« La décision d’arrêter l’A380 est le dernier mauvais coup porté par Tom Enders à Airbus », regrette l’un des membres de la direction du groupe aéronautique européen qui ne décolère pas….
les dessous du règne de Major Tom sont sortis le 8 mars …
Airbid a commenté :
15 avril 2019 - 8 h 39 min
Tom Enders a réorganisé la direction de l’entreprise en réunissant les divers sièges d’Airbus à Toulouse, et pour un Allemand ce n’était pas facile !
Reste le siège fiscal à Amsterdam pour payer moins d’impôts sur les bénéfices et ça c’est inadmissible d’autant que les Pays Bas n’ont rien à voir avec Airbus.