Boeing devrait désormais proposer de série sur ses 737 MAX des alarmes lumineuses de disfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, proposées jusque là en option et qui n’équipaient pas les avions impliqués dans les crashes d’Ethiopian Airlines et Lion Air. La mise à jour du logiciel devrait être approuvée dans les prochaines semaines, et son installation dans les 371 avions cloués au sol pourrait prendre encore plus longtemps.
Selon les sources du New York Times, le constructeur américain va obliger les opérateurs de ses monocouloirs remotorisés à installer l’alarme visuelle AOA Disagree Light, alors qu’elle n’était jusque là proposée qu’en option tout comme l’affichage AOA Indicator. L’AOA Disagree Light est un voyant lumineux indiquant que les deux sondes de mesure d’angle d’attaque envoient des informations différentes, tandis que l’AOA Indicator affiche les mesures des deux sondes. Aucune de ces deux alarmes n’étaient rendues obligatoires par la FAA, le débat étant toujours ouvert aux Etats-Unis sur le nombre d’informations qui doivent être affichées dans le cockpit. Seule la première sera installée d’office dans tous les 737 MAX, la seconde restant payante. Elles n’équipaient pas les appareils impliqués dans l’accident le 10 mars 2019 du vol ET302 d’Ethiopian Airlines, qui a entrainé la mort des 157 personnes à bord, et dans celui du vol JT610 de Lion Air en octobre dernier (dont le rapport préliminaire indiquait un problème avec les sondes AOA). L’option AOA Disagree Light avait en revanche été achetée par American Airlines et Southwest Airlines entre autres. On ne sait toujours pas ce qui a entrainé l’accident du 737 MAX 8 éthiopien, mais le BEA qui avait extrait les enregistrements des deux boîtes noires a confirmé des « similarités claires » entre les deux drames ayant fait au total 346 victimes.
Boeing n’a pas commenté ces informations, mais son VP Avions Commerciaux et directeur du marketing Randy Tinseth a évoqué dans une conférence avec des analystes qu’il espérait que la mise à jour « rapide » du système MCAS et de la formation des pilotes serait approuvée par la FAA (Administration fédérale de l’aviation) « dans les prochaines semaines ». Cela inclura des modifications « dans les lois de contrôle de l’avion » ainsi qu’une mise à jour des affichages du cockpit, « du manuel de vol et de la formation », « afin d’améliorer encore la sécurité et d’éviter que cela ne se reproduise ». Rappelant qu’il est trop tôt pour « spéculer sur les résultats des enquêtes en cours », le dirigeant n’a pas mentionné les alarmes optionnelles mais il a défendu les processus de conception et de production de Boeing.
Ethiopian Airlines a réfuté hier les informations du NY Times selon qui les pilotes du vol ET302 n’avaient pas reçu de formation spécifique au 737 MAX : nos pilotes « ont suivi la formation aux différences (entre le 737 NG et le MAX NDLR) recommandée par Boeing et approuvée par la FAA avant l’intégration progressive du 737 MAX 8 dans la flotte et avant le début de l’exploitation du 737 MAX », écrit al compagnie aérienne dans un communiqué. Les pilotes « avaient également été informés de la directive de navigabilité d’urgence émise par la FAA à la suite de l’accident de Lion Air, et avaient été bien informés à son sujet », son contenu étant « bien intégré dans tous les manuels de formation des pilotes, procédures opérationnelles et manuels de travail ». Ethiopian Airlines souligne au passage que « simulateur de vol complet du 737 MAX n’est pas conçu pour simuler les problèmes liés au système d’augmentation des caractéristiques de manœuvre (MCAS) », et demande « instamment à toutes les parties concernées de s’abstenir de faire des déclarations mal informées, incorrectes, irresponsables et trompeuses au cours de la période couverte par l’enquête sur l’accident. Les réglementations internationales exigent que toutes les parties prenantes attendent patiemment le résultat final de l’enquête ».
On retiendra enfin l’annonce faite par un membre du Comité aux transports du Parlement russe, Vladimir Afonsky, selon qui « tous les contrats d’achat de 737 MAX par les compagnies aériennes sont suspendus » jusqu’au résultat de l’enquête sur les deux accidents. UTair en attend 30, la low cost du groupe Aeroflot Pobeda 20, Ural Airlines 14 et S7 Airlines 9 (deux sont déjà en service).
CHATEAU ROUGE a commenté :
22 mars 2019 - 7 h 31 min
Très intéressant article sur cette catastrophe aérienne.
Comment peut-on chez Boeing mettre en option de tels éléments indispensables pour la sécurité et accessoirement, que pouvait représenter le coût d’un tel équipement sur le prix d’un appareil, sans doute peanuts!
Peter a commenté :
22 mars 2019 - 8 h 05 min
Je suis tellement d accord avec vous . Inadmissible.
Commpent? a commenté :
22 mars 2019 - 8 h 35 min
De la même manière que chez nous des constructeurs automobiles proposent des système de freinage d’urgence type ABS ou autres également en option et non de série sur certains de leurs modèles de véhicule. Pourtant, il s’agit bien de sécurité et de vies potentiellement perdues aussi, et si le nombre de ces vies est bien moindre qu’avec un accident d’avion, la valeur de chacune d’entre elles est bien identique,non?
Max a commenté :
22 mars 2019 - 9 h 11 min
C est tristement un manquement de BOEING . Associé ( information complète et formation des cockpit crew ) la navigabilité du 37 n est pas remis en cause . Mais Cette actualité aurait dû être évité !
MHJ a commenté :
22 mars 2019 - 10 h 36 min
Entièrement d’accord, de tels “options” devaient être proposées en série. Est-ce que le prix de ces options vaut vraiment 346 victimes ??? Bizarre d’un constructeur comme Boeing!!!
jean-pierre garcia a commenté :
22 mars 2019 - 8 h 04 min
Enfin un voyant qui prévient, j’ai ça sur ma friteuse depuis longtemps.
LeBougre a commenté :
22 mars 2019 - 8 h 13 min
Pour l’instant la fabrication des MAx continue, c’est heureux pour tous les equipementiers.
Il faut pas oublier que quelqu’uns viennent de notre territoire francais……….
Et pas que les moteurs …………
meme si la fabrication des moteurs Leap est une co-entreprise.
r-line a commenté :
22 mars 2019 - 8 h 51 min
C’est incroyable que des équipements qui aurait possiblement changer la destiner de ces vols ne soit que des “option” chez Boeing
Boeing 777-300ER a commenté :
22 mars 2019 - 9 h 23 min
Donc chez Boeing on met des alarmes en option ? Ils ont cru construire un avion c’était comme acheter une Dacia avec option Climatisation, Radio ou comme le Bac avec option Allemand LV3 ou Histoire des Arts ? Sérieusement ?! Plus l’enquête avance, plus Boeing baisse dans mon estime. Un domaine aussi sensible que l’aérien ne peut se permettre de faire la course à la rentabilité sous pression des actionnaires, le néolibéralisme à l’anglo-saxonne a montré ses limites.
Ethiopian a commenté :
22 mars 2019 - 9 h 55 min
Après l’accident de LION AIR tous les pilotes du MAX 8 d’Ethiopian s’étaient intéressés aux causes de l’accident comme tous les pilotes du monde entier. Après le rapport préliminaires mettant en cause le MCAS les pilotes d’Ethiopian ont été informés et reçu une formation selon les recommandations de Boeing et de la FAA. Là encore NY TIMES a fait du fake News comme dirait Trump.
Opossum a commenté :
22 mars 2019 - 9 h 58 min
Drôle de façon de faire chez Boeing.
Les batteries du 787 prennent feu (il y a quelques années) et au lieu de régler le problème on les emballe dans des containers ignifuges; Le MCAS dysfonctionne et on met une alarme au lieu de curer le problème; Souvenons-nous d’un problème de radar sol bien connu et non résolu qui a fait crasher un 737 turc.