Alors que les Etats-Unis enquêtent sur le processus de certification de la FAA et que Boeing revoit sa gouvernance, les 24 737 MAX 8 de la compagnie aérienne Air Canada resteront cloués au sol au moins jusqu’au 1er juillet. Elle a modifié ses horaires et prévoit d’assurer 98% des vols prévus d’ici la fin avril.
La secrétaire américaine aux Transport Elaine Chao a demandé le 19 mars 2019 un audit pour « établir un historique factuel objectif et détaillé des activités ayant conduit à la certification de l’avion Boeing 737 Max 8 », suite au crash d’un monocouloir remotorisé d’Ethiopian Airlines le 10 mars, qui a entrainé la mort des 157 personnes à bord – le deuxième pour ce type d’appareil après celui de Lion Air en octobre dernier (pour lequel un le rapport préliminaire a été publié). Boeing a immédiatement réagi, confirmant une « coopération entière » avec l’audit. Les « similarités claires » entre les deux accidents, constatées par le BEA qui a analysé les boîtes noires, ont déclenché une polémique sur la délégation de certaines parties du processus de certification par la FAA (Autorité fédérale de l’aviation) à Boeing. Le régulateur américain va d’ailleurs finalement avoir un nouveau directeur : Steve Dickson, qui a pris sa retraite l’année dernière après 27 ans passés chez Delta Air Lines y compris à des postes de responsabilité dans la sécurité des vols. Il remplacera Daniel Elwell, un ancien pilote d’American Airlines qui assurait le poste d’administrateur par intérim depuis 14 mois. Selon les médias américains, ce choix annoncé hier par Donald Trump aurait été décidé avant le crash du 737 MAX éthiopien.
Boeing a aussi modifié sa gouvernance : son VP et ingénieur en chef de la division Avions commerciaux John Hamilton se concentrera uniquement sur le rôle d’ingénieur en chef pour « consacrer toute son attention sur les enquêtes en cours sur les accidents », tandis que Lynne Hopper, qui a précédemment dirigé Test & Evaluation au sein de la branche Engineering, Test & Technology, a été nommée vice-présidente de l’ingénierie, selon un courriel interne vu par Reuters et confirmé par Boeing. Des changements de personnel nécessaires car « nous établissons des priorités et apportons des ressources supplémentaires aux enquêtes en cours », a précisé le CEO Kevin McAllister. John Hamilton a en particulier supervisé l’autorisation de désignation de l’organisation d’avions commerciaux (CAODA), un programme assumant des tâches de certification de sécurité spécifiques pour le compte de la FAA.
En attendant la mise à jour du logiciel du système MCAS anti-décrochage des 737 MAX, peut-être lundi prochain, Boeing a reçu de la FAA le feu vert pour faire voler ces monocouloirs – sans passagers, vers d’autres aéroports où ils seront stockés en attendant la reprise des livraisons. L’avionneur avait annoncé la suspension de ces livraisons mais pas l’arrêt de la production des 737 MAX (52 par mois), et le nombre d’appareils parqués à la sortie de la FAL de Renton grandit sans cesse.
Si l’Europe et le Canada ont annoncé que leurs régulateurs examineraient cette mise à jour indépendamment des conclusions de la FAA, au moins une compagnie aérienne ne croit pas à une solution rapide pour les 371 MAX 8 et MAX 9 cloués au sol dans le monde : Air Canada a annoncé hier avoir retiré de ses programmes de vols les siens jusqu’au 1er juillet au plus tôt, « puisque la date de reprise de l’exploitation des 737 MAX n’est pas connue, aux fins de planification et pour apporter à nos clients une certitude quant aux réservations et aux déplacements » selon son communiqué. Les 24 Boeing remotorisés représentaient 6 % du nombre total des vols de la compagnie canadienne, mais le retrait des 737 MAX « entraîne un effet en cascade qui a des répercussions sur l’horaire et, du même coup, sur certains clients. Nous travaillons d’arrache-pied à réduire ces effets au minimum », a confirmé Lucie Guillemette, vice-présidente générale et chef des Affaires commerciales d’Air Canada. Les passagers « qui ont des plans de voyage d’ici juillet peuvent être assurés que nous les tiendrons informés à chaque étape de la révision de notre horaire », a-t-elle ajouté.
La compagnie de Star Alliance précise qu’elle a rajusté son horaire jusqu’au 30 avril pour couvrir 98% des vols prévus ; outre les 24 MAX 8 déjà livrés, elle devait recevoir six nouveaux appareils en mars et en avril. Air Canada accélère du coup l’intégration dans son parc aérien des Airbus A321 récemment acquis auprès de la low cost WOW Air, et elle a fait appel à d’autres transporteurs « pour procurer une capacité accrue dans l’immédiat ». Par exemple, Air Transat a été temporairement mise à contribution pour exploiter une liaison quotidienne Vancouver-Montréal du 20 au 31 mars, et un de ses avions sera loué du 1er au 30 avril afin d’exploiter la liaison Montréal-Cancún. Mais faute d’avions, Air Canada a aussi temporairement suspendu le service sur certains itinéraires desservis en 737 MAX : par exemple ceux vers Londres-Heathrow au départ d’Halifax et de St. John’s, « pour lesquels les passagers seront réacheminés via les plaques tournantes de Toronto et de Montréal », ainsi que les vols saisonniers Vancouver-Kona, Vancouver-Lihue et Calgary-Palm Springs.
We will fully cooperate in the Department of Transportation's audit announced by Secretary Chao. https://t.co/mFB4be4pkw
— The Boeing Company (@Boeing) March 19, 2019
NDR a commenté :
20 mars 2019 - 8 h 17 min
B737 Max est un bon avion, apparement Lion Air est une des plus mauvaises Cies du monde, Ethiopian est peut être une des “meilleurs Cies” mais d’Afrique ;
AMHA ce communiqué de Air Canada est une publicité gratuite pour essayer de faire croire qu’elle sera la rare Cie a ne pas utiliser le Max afin de capter plus de resas a Star Alliance avant juillet, je pense que cette Cie essaie simplement de jouer le scoop pour cacher sa cuillère en bois du maximum taux de retards, bien sûr aucune autre Cie ne fera voler le 737 Max avant juillet..
Ethiopian a commenté :
20 mars 2019 - 10 h 04 min
Mon cher Ethiopian fait parti des 100 meilleurs compagnies dans le monde et plus exactement à la 40ème place alors que AT qui était à la 97ème place a été sorti du classement en 2018.
Ethiopian est non seulement le n°1 du continent mais elle fait aussi parti des meilleurs.
https://www.jeuneafrique.com/605671/economie/classement-skytrax-ethiopian-airlines-consolide-sa-place-de-meilleure-compagnie-africaine/
Max a commenté :
20 mars 2019 - 12 h 18 min
Oui ET certainement une cie sérieuse, ce qui n est pas facile pour parler seulement de l aspect ( sécurité des vols et toute la logistique qui va avec ) c est de s inscrire dans la durée ! Par contre un OPL avec seulement 200 ou 350 heures ! Sur un JET ! C est un soucis si l information est confirmée ! Donc À SUIVRE.
Max a commenté :
20 mars 2019 - 11 h 46 min
Ceux qui ont volé sur 37 300 a 800 savent que c est une bonne machine opérationnelle. Pour le MAX et son système de protection ! BOEING doit mettre tout en oeuvre et dans les meilleurs délais. Lion air aurait dû servir ! A suivre ( CVR DFDR de ET )
Captain a commenté :
20 mars 2019 - 12 h 51 min
Quelle pauvreté dans le commentaire.
Si vous voulez un peu mieux comprendre le problème, lisez, apprenez, puis commentez.
Éventuellement.
https://www.heraldnet.com/news/how-faa-delegated-a-pivotal-737-safety-analysis-to-boeing/
papy a commenté :
20 mars 2019 - 17 h 43 min
+1000
Article très intéressant et c’est encore pire que ce que je croyais.
Ce système de pseudo Stickpusher est juste incroyablement mal conçu.
Il y en a quelques uns qui doivent très mal dormir chez Boeing et à la FAA, car là cela sent le procès à plein nez !
Wallie a commenté :
20 mars 2019 - 9 h 48 min
NDR, je vous trouve bien méprisant pour les Cies que vous citez. Les avez vous déjà utilisées ?
Connaissant bien l’Indonésie, Lion fait plusieurs centaines de vol dans l’archipel sans problème. Les stats sont bien sur en leur défaveur mais d’autres Cies bien de chez nous ont elles aussi des mauvais chiffres dans ce domaine.
Frequent Flyer a commenté :
20 mars 2019 - 11 h 15 min
ET est audité par Airbus, Boeing pour ce qui est de l’utilisation des avions.
Lufthansa effectue à la demande de ET des audits sur les flight ops et ground ops.
Pour ce qui est du commercial, ils font comme ils veulent (meme à perte) ca ne change rien à la sécurité.
Je voyage de temps en temps avec ET et c’est vrai qu’elle à les petites maladies d’une compagnie qui grandit très vite (service au sol, parfois amateurisme dans certains cas en terme de contact client, aéroport trop petit) mais dans l’essemble j’aime la compagnie sur mes vols BRU-JNB qui c’est vrai sont fait en C car les prix le permettent mais pas toujours et en Y c’est un excellent rapport qualité-prix.
Bencello a commenté :
20 mars 2019 - 14 h 08 min
C’est sûr qu’avec 24 appareils inutilisables sur 181, Air Canada est proportionnellement la plus impactée (plus que Southwest). La sortie des A320 sera-t-elle retardée?
Les planificateurs doivent s’arracher les cheveux pour maintenir au maximum les opérations aériennes quotidienne. La facture présentée à Boeing sera conséquente…
Inukshuk a commenté :
20 mars 2019 - 16 h 31 min
Le concurrent WestJet n’a pas l’air de bouger. J’ai un vol prévu en août (YHZ-CDG) en Max8 et il est toujours programmé avec cet avion. Le calendrier (la ligne démarre en mai) affiche toujours tous les vols avec cet avion. Ils ont l’air moins sous pression qu’AC.
Christian Jantot a commenté :
20 mars 2019 - 23 h 12 min
On se moque vraiment du monde : Boeing qui annonce une semaine pour faire les rectifications nécessaires, et Air Canada qui prévoit 3 mois pour remettre en vol ses appareils …
Alors que cet avion, totalement NOUVEAU malgré son nom (nouveaux réacteurs, nouvel aérodynamisme, nouveau centrage, nouveau logiciel de gestion de vol et des automatismes), a manifestement reçu une certification baclée et de complaisance par la FAA (ou est-ce par Boeing lui-même ?) …
Une vraie certification, à reprendre certainement quasiment ab initio, est manifestement nécessaire, que Boeing le veuille ou non, et elle nécessitera beaucoup plus que 3 mois !…
A moins que Boeing ne parvienne à encore à botter en touche et à risquer encore délibérément quelques centaines de morts pour quelques (milliards de) dollars des actionnaires …