Les Etats-Unis ont annoncé que les 371 Boeing 737 MAX immobilisés suite au crash d’Ethiopian Airlines ne reprendront sans doute pas les vols avant le mois de mai au plus tôt, jusqu’à l’installation et les essais de la mise à jour du logiciel annoncée. Les livraisons du monocouloir remotorisés sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, alors que l’examen des boîtes noires débute ce vendredi en France.
L’analyse de l’enregistreur des données de vol (FDR) et de celui des voix du cockpit (CVR) du 737 MAX 8 qui opérait dimanche le vol ET302 d’Ethiopian Airlines entre sa base à Addis Abeba-Bole et l’aéroport de Nairobi-Jomo Kenyatta, et s’est écrasé peu après son décollage entrainant la mort des 157 personnes à bord, doit débuter ce 15 mars 2019. Le Bureau d’enquêtes de d’analyses (BEA) a confirmé hier avoir reçu les deux boîtes noires, confiées par l’Ethiopie qui n’a pas les ressources techniques nécessaires et avait d’abord contacté l’Allemagne, voulant apparemment éviter de confier cette analyse aux USA où la FAA avait initialement affiché sa confiance dans le 737 MAX. Trois membres du NTSB américain arrivent toutefois en France pour participer à l’exploitation des deux enregistreurs, qui pourrait prendre des mois ; Ethiopian Airlines a de son côté prévenu qu’elle ne communiquera plus sur l’accident que par voix de presse ou via les réseaux sociaux.
Après une rencontre avec des officiels de la FAA jeudi, des représentants du Congrès américain ont annoncé que l’installation et les tests de la mise à jour du logiciel du système MCAS anti-décrochage allaient prendre « plusieurs semaines », son installation dans tous les 737 MAX devant probablement durer « tout le mois d’avril au minimum ». La FAA a déjà ordonné à Boeing de la publier avant la fin du mois ; cette mise à jour, qui doit « rendre cet avion sûr encore plus sûr » selon un communiqué de Boeing, est la même déjà promise pour la fin 2018 aux pilotes américains après le crash dans des circonstances apparemment similaires du vol JT610 d’un MAX 8 de la low cost Lion Air en octobre dernier à Jakarta. Un retard qui pourrait être lié à la fermeture partielle du gouvernement pendant plusieurs semaines, qui avait impacté la FAA. Rappelons que le rapport préliminaire sur ce crash expliquait que le Boeing indonésien avait rencontré des problèmes d’instruments affichant des lectures inexactes provenant des capteurs d’incidence (AoA, Angle of Attack). La formation des pilotes au nouveau système MCAS avait par ailleurs été mise en cause par des syndicats de pilotes américains, la FAA émettant alors une directive demandant aux opérateurs de mettre à jour le manuel de vol des 737 MAX (AFM) pour fournir à l’équipage « les procédures de compensation du stabilisateur horizontal à suivre dans certaines conditions ».
En attendant, Boeing a annoncé hier une « pause » dans les livraisons des 737 MAX, même si la production se poursuit « tout en évaluant l’impact de la situation, y compris des contraintes potentielles de capacité, sur notre système de production » selon un communiqué. La production des 737 (dans l’immense majorité des MAX) devrait être maintenue à 52 appareils par mois, alors que l’avionneur espérait passer à 57 cette année ; 66 737 ont été livrés aux compagnies aériennes à la fin février 2019. Un total de 5012 Boeing 737 MAX avaient été commandés à cette date, dont 376 officiellement livrés (371 en service).
En France où aucun 737 MAX n’est en service (la rumeur prête à Air France-KLM l’intention d’en commander cent), on notera l’appel à la prudence lancé par le syndicat de pilotes SNPL France ALPA, qui « propose son expertise dans le cadre de l’enquête technique » confiée au BEA. Aucune information à ce jour ne permet d’émettre une quelconque hypothèse sur les causes de l’accident, rappelle le syndicat pour qui « il est essentiel de mettre tout en œuvre pour que les enquêteurs puissent travailler sereinement à l’établissement des faits ». En tant que représentant des pilotes professionnels, « premiers garants de la chaîne de sécurité des vols », le SNPL rappelle que les enquêtes techniques autour des accidents/incidents aériens « contribuent chaque jour à rendre l’aviation plus sûre. Il convient donc de laisser les enquêteurs agir et de s’abstenir de toutes spéculations sur les circonstances de la perte du vol ET302 ».
Après Lion Air qui a suspendu les livraisons de 737 MAX prévues cette année et menace d’annuler sa commande en cours (186 MAX 8 et MAX 9, 50 MAX 10), c’est Garuda Indonesia toujours en Indonésie qui a évoqué hier une annulation de sa commande de cinquante 737 MAX 8 (son premier et seul à ce jour avait été livré en décembre 2017). Avant même l’accident d’octobre dernier, elle envisageait déjà de réduite à 20 le nombre de nouveaux monocouloirs ; son PDG I Gusti Ngurah Askhara Danadiputra a déclaré hier en conférence de presse qu’il prévoyait une réduction « encore plus importante ». Korean Air, qui devait recevoir en mai le premier des trente MAX 8 attendus, a signalé qu’ils ne seront pas mis en service « tant que leur sécurité ne sera pas garantie ». Et tout comme Norwegian, la low cost SpiceJet a annoncé hier qu’elle demandera une indemnisation à Boeing et des crédits pour la maintenance, la réparation et la révision de ses douze 737 Max 8 cloués au sol.
Trump est-il coupable ? a commenté :
15 mars 2019 - 7 h 50 min
Trump porte t-il une part de responsabilité ?
L’installation et les tests de la mise à jour du logiciel du système MCAS anti-décrochage nécessitant plusieurs semaines, ont pris du retard.
Un retard qui pourrait être lié à la fermeture partielle du gouvernement pendant plusieurs semaines, qui avait impacté la FAA.
rv2lyon a commenté :
15 mars 2019 - 7 h 55 min
Est-ce que Boeing savait et à cherché à minimiser la situation pour éviter d’avoir à payer des compensations en espérant qu’il n’y aurait qu’un accident et que les compagnies et le public oublierait? Cela est possible car nous vivons dans un monde où l’argent est le maître mot. Mais la culpabilité n’est pas démontrée, donc pour le moment Boeing est innocent de malveillance.
Toutefois, cette affaire risque de coûter cher à Boeing. D’une part des annulations de commande sont très probables et cela au bénéfice d’Airbus qui n’a rien demandé et d’autre part, il va y avoir tout un paquet de demandes de compensations, de remboursements et des procès contre la compagnie par les familles des victimes.
Mais plus encore, c’est l’image du constructeur qui risque d’être affectée. A vouloir faire évoluer un avion qui n’était pas fait pour devenir ce qu’il est devenu plutôt que d’en reconstruire un nouveau, Boeing s’est peut-être brûlé les ailes. Car quand on en est obligé de mettre des système électroniques pour que l’avion continue d’arriver à voler sur un avion civil, cela pose des questions.
Mais... a commenté :
15 mars 2019 - 10 h 06 min
Pour ton dernier paragraphe : Airbus aussi à fait évolué deux vieux avion l’A320 neo et l’A330 neo oulalala c’est dangereux
L’argumentaire est d’un ridicule à vous entendre Boeing à intérêt à ce que les Boeing se crash et les gens meurt
Pour General Démange l’A330 est dangereux aussi il s’est craché parlons pas de l’A320 ce danger volant
C’est le même niveau d’argumentation bidon
B737MAX a commenté :
15 mars 2019 - 10 h 12 min
@RV2LYON
” minimiser la situation pour éviter d’avoir à payer des compensations ”
Je n’y crois pas un instant.
Ni Boeing ni Airbus ne prendrait le risque en faveur d’économies de quelques $ et à court terme jouant la survie de toute l’entreprise.
Ce sont des fabricants sérieux et non des amateurs jouant à la roulette russe.
Boeing travaille depuis des semaines sur une MAJ de logiciel mais cela demande du temps…
Il aurait fallu mieux communiquer : alerte puissante et internationale et donner des instructions claires sur la désactivation du MCAS et/ou peut être immobiliser les MAX immédiatement.
Général Demange a commenté :
15 mars 2019 - 8 h 02 min
« (…) cette mise à jour, qui doit « rendre cet avion sûr encore plus sûr » selon un communiqué de Boeing »…
« Encore plus sûr » qu’un modèle d’avion qui a déjà connu deux crashes et tué 346 personnes après seulement quelques mois d’exploitation, ça veut dire quoi ?
À force de ne parler qu’au moyen de leurs pauvres éléments de langage pré-formatés, les chargés de communication de certaines entreprises en ont perdu tout sens du ridicule en même temps que la décence élémentaire.
Bonne expérience de vol à tous.
Voir Coluche pour comprendre! a commenté :
15 mars 2019 - 9 h 24 min
” Encore plus sûr, ça veut dire quoi”?
Pour vous préciser le sens, disons que c’est un peu comme “laver plus blanc que blanc”….
papy a commenté :
15 mars 2019 - 8 h 46 min
Encore une fois, on fait de plus en plus des avions d’ingénieurs !
Ou quand l’électronique qui est censé être une protection ou une aide,
devient un très dangereux handicap .
Si le système n’est pas compris par les pilotes,(là en plus s’enclenche tout seul, sans raison) surtout dans des conditions d’urgence absolue, c’est qu’il faut changer le système et non pas comme j’ai pu le lire de la part de quelques guignols, tout les pilotes du monde …
Sous stress très intense, l’humain revient au “Reptilien”, donc même un ingénieur avec bac+12, n’ira plus que le QI d’une poule !
Ah, mais quelle genre de poule, svp? a commenté :
15 mars 2019 - 9 h 29 min
Vu que les pilotes-ingénieurs-bac+12 au QI de poule travaille dans les airs, ce ne peut donc pas être des “poules élevées au sol”!
Comme ils sont enfermés dans leurs cockpits, ce ne peut donc pas être ” des poules élevées en plein air”!
Par voie de conséquence, il ne peut s’agir que de ” poules élevées en batterie”!!
Pas nécessairement plus rassurant!
sahara a commenté :
15 mars 2019 - 8 h 57 min
Malaisie, Ethiopie, Mauritanie, Mongolie…le moment venu, il faudra également se poser la question de savoir s’il est bien raisonnable de livrer de tels avions à la pointe de la modernité ( trop modernes ? ) à des compagnies de tels pays exotiques pas vraiment à la pointe de la modernité.
DAUMONT a commenté :
15 mars 2019 - 9 h 09 min
Le problème est aussi peut-être un manque de confiance des futurs passagers. De préférence je choisirai un vol sans 737 Max8. 6 semaines pour mette à jour un programme informatique, le tester et le déployer. Pas un peu court ?
B744 a commenté :
15 mars 2019 - 9 h 55 min
Ce qui est bizarre, c’est que d’autres avions ont des systèmes de protection de domaine de vol qui, en cas de panne d’un capteur (AOA ou pitot), deviennent très dangereux. Les pilotes savent comment les arrêter, en dégradant complètement l’avionique par arrêt de systèmes fonctionnant parfaitement…et ça ne choque personne !