Les constructeurs Boeing et Embraer ont validé les modalités de leur partenariat stratégique dans le domaine de l’aéronautique, qui coutera 4,2 milliards de dollars au premier. Ils attendent désormais le feu vert du gouvernement brésilien à cette réponse au partenariat Airbus – Bombardier. Et prévoient une autre JV, cette fois autour de l’avion multi-mission militaire KC-390.
Après quelques péripéties judiciaires et politiques, les avionneurs américain et brésilien ont approuvé le 17 décembre 2018 les modalités relatives à la formation d’un partenariat stratégique « qui permettrait aux deux entreprises d’accélérer la croissance sur le marché aéronautique mondial ». Ces modalités régissent la création d’une coentreprise incluant les activités d’Embraer dans les domaines de l’aviation commerciale et des services, au sein de laquelle Boeing détiendra une participation de 80% (soit 4,2 milliards de dollars) et Embraer les 20% restants.
Une fois la transaction finalisée, la coentreprise opérant dans le secteur de l’aviation commerciale sera conduite par une équipe dirigeante basée au Brésil et qui aura à sa tête un président et CEO. Boeing « exercera un contrôle opérationnel et de la gestion » de la nouvelle entreprise, qui sera directement rattachée à son PDG Dennis Muilenburg, tandis qu’Embraer « conservera les droits de consentement pour certaines décisions stratégiques » telles que le transfert d’activités à partir du Brésil.
Les deux constructeurs estiment que ce partenariat stratégique « représentera plus de 150 années de leadership cumulé dans le domaine de l’aéronautique, et s’appuiera sur les gammes de produits commerciaux hautement complémentaires dont disposent les deux entreprises » : leur portefeuille commun ira des avions de 70 places à plus de 450 sièges, et inclura des avions pour le transport de fret. La volonté de Boeing de prendre le contrôle des avions commerciaux d’Embraer avait été annoncée début juillet, cinq jours après la finalisation d’un accord similaire entre Airbus et les CSeries de Bombardier.
Un communiqué commun rappelle que cette transaction reste soumise à l’approbation du gouvernement brésilien. Une fois celle-ci obtenue, Embraer et Boeing ont l’intention de signer les documents de transaction définitifs. La clôture de la transaction sera alors assujettie à l’approbation des actionnaires et des organismes de réglementation, ainsi qu’aux conditions de clôture habituelles. Ce partenariat devrait avoir « un effet neutre sur le bénéfice par action de Boeing au titre de l’exercice 2020, et relutif par la suite ». Des synergies de coûts annuelles avant impôts estimées à environ 150 millions de dollars sont attendues dès la troisième année.
« Boeing et Embraer se connaissent bien grâce à plus de deux décennies de collaboration. Le respect que nos sociétés éprouvent l’une pour l’autre et la valeur potentielle de ce partenariat n’ont fait que croître depuis l’annonce de nos efforts conjoints dans le courant de cette année », a déclaré Dennis Muilenburg, Président-directeur général de Boeing. Pour son homologue chez Embraer Paulo Cesar de Souza e Silva, « nous sommes convaincus que ce partenariat apportera une forte valeur ajoutée au Brésil, ainsi qu’à l’industrie aérospatiale brésilienne au sens large. Cette alliance renforcera la position de nos deux entreprises sur le marché mondial et s’inscrit dans le cadre notre stratégie de croissance durable à long terme ».
Par ailleurs, les deux sociétés ont également convenu des modalités relatives à la création d’une autre coentreprise dont l’objectif sera de promouvoir et développer de nouveaux marchés pour l’avion de transport multi-missions KC-390. Selon les termes de la proposition de partenariat, Embraer détiendra une participation de 51% dans la coentreprise, et Boeing les 49% restants. La transaction reste sujette à l’approbation du gouvernement du Brésil, à la ratification du Conseil d’administration d’Embraer et à son autorisation d’exécuter les documents définitifs relatifs à la transaction. Une fois les documents de transaction définitifs exécutés par les parties, la création de ce partenariat stratégique sera soumise à l’approbation des actionnaires et des organismes de réglementation, ainsi qu’aux conditions de clôture d’usage. Sous réserve de la réception des approbations dans les délais opportuns, la transaction devrait être finalisée d’ici à la fin de l’année 2019.
On retiendra aussi que le Brésil a déposé ses premières preuves dans le cadre de la plainte déposée en 2016 devant l’OMC contre Bombardier pour distorsion de la concurrence, via les « 4 milliards de dollars » de subventions versées par le gouvernement « pour le développement, le lancement et la survie du programme CSeries » (désormais Airbus A220).
Pet a commenté :
18 décembre 2018 - 10 h 06 min
Triste Brésil.
Qui dans le cadre de la « mondialisation » va encore plus ouvrir ses frontières et laisser partir pareilles pépites.
Le capital Pétrole est déjà en bonnes parties aux mains de groupes étrangers, maintenant l’aéro.
Le prochain sur la liste sera..
@ AJ:
Aucune mention des sérieux déboires d’Avianca Brasil, uniquement dûs à une gestion fantaisiste.
Malko a commenté :
18 décembre 2018 - 10 h 26 min
De toute façon, alliance ou pas, les avions d’Embraer ne feront pas le poids face aux C-Séries (A220). Cette alliance est simplement une décision prise sur un coup de tête par Boeing pour répondre au coup de maître d’Airbus dans le rachat du programme de Bombardier. Embraer croît s’en sortir, mais s’allier avec le diable ne me semble pas être une bonne option quand Boeing aura réalsié son dessein…(Rappelez vous que Boeing utilise les mêmes méthodes que Trump avec son “America First”, des procès, des interdictions et des menaces…. Les juges brésiliens avaient raison d’hésiter car partagés entre le désir de sauver leur entreprise et la peur du lendemain avec ce géant américain qui n’en fait qu’à sa tête.
Max a commenté :
18 décembre 2018 - 19 h 53 min
Parler de coup de tête en parlant de BOEING dont le savoir remonte à quelques années ! Techniquement il y a un champion du monde bien meilleur . BOEING C est du solide au même titre qu AIRBUS . Peu de place pour les orientations précipitées.
Air-journal blog a commenté :
18 décembre 2018 - 10 h 43 min
Même avec cette fusion Boeing restera en retard sur Airbus.
Bencello a commenté :
18 décembre 2018 - 11 h 55 min
De deux choses l’une: ou Embraer est suffisamment solide et il n’a pas besoin de Boeing, d’autant qu’il n’est pas concurrent direct, ou il est trop faible et il se laisse dévorer à 100% dans quelques années par l’américain, qui n’a pas l’habitude de partager le pouvoir.
On verra à cette occasion si Bolsonaro se positionnera en adorateur de son grand ami Trump, ou si sa posture de chef de guerre et ancien militaire l’amènera à s’affirmer.
Quant au KC-390, j’espère pour Embraer que Boeing sera un bon partenaire, et qu’ils seront meilleurs que sur le KC-46 (2 ans de retards, budget explosé sur une adaptation en ravitailleur du 767 mélangé à du 787)
rv2lyon a commenté :
18 décembre 2018 - 16 h 08 min
Je pense que la volonté de Boeing est essentiellement pour le moment de pouvoir proposer via ses commerciaux des 7.. de 70 à 450 places. La première chose simple sera de renommer les Embraer 170 à 195 Boeing 727 en souvenir du bon vieux temps et en relation avec le reste de la gamme Boeing. Ils laisseront la construction au Brésil pour ne pas fâcher et de toute façon cela leur coûterait plus cher de faire faire aux USA.
Et cela ne posera aucun problème à Boeing que les avions soient totalement différents, car c’est déjà le cas pour toute la gamme. Après les Embraer sont de très bons avions, civils ou militaires.