Bombardier a créé la surprise en annonçant la vente du programme Dash-8 Q Series de la marque De Havilland à Viking Air, pour environ 300 millions de dollars. D’autres coupes dans les activités du groupe vont entrainer d’ici 18 mois la suppression de 5000 postes, dont la moitié au Québec.
Le groupe aéronautique et ferroviaire canadien basé à Montréal a pourtant présenté le 8 novembre 2018 des résultats trimestriels marqués par une hausse de 48% du résultat, avec un bénéfice net de 167 millions de dollars (contre une perte de 11 millions de dollars au T3 2017), « sa meilleure performance depuis des années ». Hors éléments exceptionnels et ramené à une action, Bombardier a dégagé un bénéfice ajusté trimestriel de 4 cents, un résultat supérieur au consensus. Mais le chiffre d’affaires a reculé de 5% au T3 à 3,643 milliards de dollars, poussant le groupe à annoncer la « vente d’actifs non stratégiques » pour se concentrer sur les « occasions de croissance » de Transport, Avions d’affaires et Aérostructures, ainsi que des mesures à l’échelle de l’entreprise « pour rationaliser sa structure et améliorer sa productivité ». Un de ses actifs vendus est le programme Dash-8 et la marque de Havilland, qui ont été revendus mercredi pour environ 300 millions de dollars à Viking Air, basé en Colombie Britannique (Longview Aircraft Company of Canada Limited), une filiale de Longview Aviation Capital Corp. qui deviendra une fois le contrat finalisé le premier fabriquant d’avions turbopropulsés en Amérique du nord (il produit déjà le DHC-6 Twin Otter, le DHC-ET Turbo Beaver et les CL-215 et -415 spécialisés dans la lutte contre les incendies). L’entente couvre « l’ensemble des actifs et de la propriété intellectuelle et les certifications de type associées aux Dash 8 Series 100, 200 et 300 ainsi que les activités du programme d’avion Q400 à la FAL de Downsview en Ontario ». La clôture de cette transaction devrait avoir lieu d’ici le second semestre de 2019, le produit net devant s’élever à environ 250 millions $, déduction faite des frais, des passifs et des ajustements de clôture habituels. Le Bombardier Q400, principal adversaire de l’ATR 72, subit donc le sort des CSeries dont l’acquisition par Airbus avait été finalisée en juillet dernier et qui sont désormais vendus sous le nom A220.
Pour le seul secteur Avions commerciaux, la diminution au T3 des revenus de 259 millions $ est expliquée par Bombardier « principalement en raison du retrait de SCACS (Société en commandite Avions C Series) du périmètre de consolidation », et par la comptabilisation de la quote-part de la perte nette de SCACS. De plus, Bombardier a investi 85 millions $ dans SCACS au cours du trimestre en échange de parts sans droit de vote du partenariat sur son engagement maximal de 225 millions $ d’ici la fin de l’exercice. Au cours du trimestre, un total de cinq avions CRJ et Q400 ont été livrés, alors que le nombre de commandes nettes visait 11 avions.
Après la perte de ces deux programmes phares, Bombardier va désormais se tourner « résolument » vers le CRJ : « Alors que nous continuons d’être activement présents sur le marché des avions régionaux grâce à la renommée de nos avions qui respectent la clause de portée, nous nous concentrons sur la réduction des coûts et l’accroissement des volumes, tout en optimisant le service après-vente pour les quelques 1500 CRJ actuellement en service dans le monde. Comme nous visons le retour à la rentabilité du programme CRJ, nous évaluons également les options stratégiques qui s’offrent pour ce programme », précise un communiqué. Le résultat avant éléments spéciaux d’Avions Commerciaux « a été proche du seuil de rentabilité étant donné le retrait de la perte du programme C Series du périmètre de consolidation nette de la quote-part de l’entreprise de la perte nette associée ».
La vente d’actifs non stratégiques (dont celle de formation des pilotes et des techniciens d’Avions d’affaires à CAE) et le versement de redevances devraient générer un produit net d’environ 900 millions $, « accroissant la marge de manœuvre financière de l’entreprise qui se rapproche de la dernière phase de son plan de redressement, celle du désendettement ». Les autres faits saillants du trimestre incluent la certification de l’avion d’affaires Global 7500 qui ouvre la voie à la mise en service de l’appareil en décembre 2018, et marque la fin du cycle d’investissements massifs de l’entreprise.
Au niveau du groupe tout entier, le programme de mesures pour « rationaliser, alléger et simplifier davantage sa structure » devrait générer des économies annuelles récurrentes de 250 millions $ à pleine production d’ici 2021. Premièrement, le cycle d’investissements massifs en aéronautique étant terminé, Bombardier rajustera la taille de son équipe centrale d’ingénierie aéronautique et la redéploiera. Les membres clés de l’équipe d’ingénierie seront redéployés dans les secteurs d’activité, la majorité allant chez Avions d’affaires pour s’assurer que ce secteur d’activité dispose de toutes les compétences nécessaires au développement des futurs programmes d’avions d’affaires. Bombardier créera aussi un nouveau Bureau de Technologies de pointe (BTP), lequel sera dirigé par François Caza qui est nommé chef de la direction de la technologie. Les activités du BTP seront centrées sur la conception et l’ingénierie de systèmes, y compris l’application de l’expérience des programmes aéronautiques de Bombardier à ses activités de transport sur rail. En plus de rajuster la taille et redéployer son équipe centrale d’ingénierie, Bombardier a lancé une initiative de restructuration, à l’échelle de l’entreprise, axée sur l’optimisation des processus de production et de gestion, la simplification des structures de gestion et une réduction accrue des coûts indirects. Globalement, ces efforts entraîneront une réduction d’environ 5000 postes à l’échelle de l’entreprise au cours des 12 à 18 prochains mois, sur un total de plus de 69.500 employés répartis entre les quatre secteurs d’activité.
« Notre cycle d’investissements massifs étant maintenant complété, nous continuons à progresser dans l’exécution de notre plan de redressement », a déclaré Alain Bellemare, PDG de Bombardier Inc. Avec les annonces d’hier, « nous mettons en œuvre les prochaines mesures nécessaires pour concrétiser la pleine valeur du portefeuille de Bombardier. Durant la phase de construction des résultats et des flux de trésorerie disponibles de notre redressement, nous continuerons de façon proactive à recentrer et rationaliser l’entreprise ainsi qu’à allouer nos capitaux avec discipline. Je suis très fier de ce que nous avons accompli jusqu’ici, et je suis très enthousiaste face à notre avenir ».
Bombardier a présenté des prévisions pour l’exercice 2019, dont une augmentation d’environ 10% de ses revenus « pour atteindre ou dépasser 18 milliards $ » en raison de l’accélération des livraisons d’avions d’affaires Global 7500. Le groupe vise à améliorer plus rapidement sa rentabilité, avec une hausse prévue d’environ 20% du RAII avant éléments spéciaux, et à générer des flux de trésorerie disponibles se situant dans une fourchette de 250 millions $ à 500 millions $, « qui devraient être contrebalancés par la charge de restructuration sus-mentionnée de 250 millions $ ainsi que par une réserve de fonds de roulement de 250 millions $ requise pour faire face aux fluctuations prévues alors que l’entreprise progresse dans la phase intense de croissance d’Avions d’affaires et de Transport. Par conséquent, il est prévu que les flux de trésorerie disponibles demeurent neutres pour 2019, plus ou moins 250 millions $ ». Bombardier confirme aussi ses objectifs financiers pour 2020, même après la cession du programme d’avions Q Series et des activités de formation au pilotage et à la maintenance d’Avions d’affaires. Ce la n’a pas empêché son action de perdre un quart de sa valeur jeudi.
Skol a commenté :
9 novembre 2018 - 9 h 39 min
A ce rythme, bombardier aura disparu de l’aviationtion commerciale ds quelques années, ils feront plus que des trains ^^
NDR a commenté :
9 novembre 2018 - 9 h 59 min
Bombardier, elle est bonne cette Cie le CRJ est un bon avion mais il faut le remotoriser et le compositiser un peu.
Mise en perspective et histotique a commenté :
9 novembre 2018 - 10 h 29 min
A l’origine Bombardier est une entreprise entièrement et uniquement vouée/tournée vers le monde ferroviaire, en construisant wagons, métro et motrices…Elle continue d’ailleurs à être un acteur hautement majeur en ce domaine: elle a racheté Alsthom-ferroviaire il y a quelques années…
Bombardier est entrée dans le monde aérien en rachetant son compatriote ” De Havilland-Canada”, qui était le constructeur aero canadien historique ( d’où les appellation DHC_.. des avions, et même le “C” de CRJ…), lui même historiquement filiale des britannique De Havilland avant séparation des deux entités, il y a longtemps maintenant.
De la production historique De Havilland, tous les appareils turbopropulsés sont maintenant sortis de Bombardier…et l’avenir du nouveau CSeries qui a tant couté à Bombardier qu’il a failli entrainer sa ruine, est maintenant également en dehors de Bombardier..
Reste la famille CRJ celle des bi-reacteurs, famille elle-même vieillissante technologiquement, programme sur lequel Bombardier elle-même dit ” viser le retour à la rentabilité du programme”…ce qui implique…qu’il n’est à l’heure actuelle pas/plus rentable…Dans ces conditions, sa pérennité au sein de Bombardier n’est pas forcement assurée…rendez vous à ce sujet dans quelques mois lorsque viendra le temps de juger les résultats de ces ” efforts de retour à rentabilité”…
Dès lors, inutile aujourd’hui d’envisager aucun développement nouveau majeur chez Bombardier dans l’aéronautique…
Bombardier entend se concentrer sur le secteur aéro des avions d’affaire..pourquoi pas..mais là aussi attendons de voir et il n’est pas impossible qu’une nouvelle surprise nous arrive sous forme d’annonce de vente de ce secteur à un autre industriel (Grumman?)
Avec le vente jusqu’au nom même de De Havilland, ce serait plutôt la fermeture de cette branche et le retrait de ce monde qui serait à envisager comme probable..
Eric a commenté :
9 novembre 2018 - 22 h 32 min
Après avoir reçu des sommes monstrueuses du gouvernement canadien, dont nos impôts, Bombardier se fait la malle.