Un train d’atterrissage et une partie du fuselage du Boeing 737 MAX 8 de la compagnie aérienne low cost Lion Air, qui s’est écrasé lundi entrainant la mort des 189 personnes à bord, ont été repérés hier à une trentaine de mètres de profondeur. La découverte de ce qui semble être l’enregistreur des données du cockpit (FDR) n’a pour l’instant entrainé aucune explication sur les raisons de l’accident.

Le directeur de l’Agence nationale de recherche et de secours BASARNAS, Muhammad Syaugi, a confirmé le 1er novembre 2018 que la cinquantaine de plongeurs impliqués dans les recherches, assistés d’un robot sous-marin, avaient repéré un train d’atterrissage de l’avion impliqué dans le vol JT610, mais aussi des sièges, des roues et une partie d’une vingtaine de mètres du fuselage ainsi que les restes de plusieurs victimes. Un navire équipé d’une grue tentera ce vendredi de remonter à la surface les débris les plus lourds, dans une zone à environ 500 mètres au nord-ouest de la dernière position connue du 737.

Après avoir remonté à la surface ce qui semble être le FDR jeudi, les recherches continuent pour localiser la deuxième boîte noire, l’enregistreur des conversations du cockpit (CVR), dont les « pings » de la balise de détresse n’ont toujours pas été entendus. Haryo Satmiko, directeur adjoint de la Commission nationale de la sécurité des transports (KNKT), a déclaré à CNN qu’il faudrait « deux à trois semaines » pour lire les données du FDR endommagé, et « deux à trois mois » supplémentaires pour l’analyse. Le directeur général du groupe Lion Air Daniel Putut Kuncoro Adi a refusé de spéculer sur les causes de l’accident, s’en référant à l’enquête en cours. Réitérant ses condoléances aux familles des victimes, il a ajouté qu’il connaissait les deux pilotes du vol fatal, « des gars très très drôles, très intelligents » qui avaient sûrement fait leur travail « professionnellement en se battant pour sauver l’avion ».

On en sait un peu plus sur le vol précédent du 737 MAX 8 immatriculé PK-LQP la veille de l’accident, entre Denpasar à Bali et l’aéroport de Jakarta-Soekarno Hatta : lors de ce vol JT43 déjà retardé au décollage, les pilotes avaient demandé à faire demi-tour avant de régler par eux-mêmes le problème non précisé, et continuer leur route vers la capital indonésienne. Le « pan pan » du vol JT43, émis 5 minutes après le décollage, a obligé un autre appareil à se mettre en attente au-dessus de l’aéroport Ngurah Rai. Le directeur de l’aéroport balinais Henson a expliqué que « le commandant de bord (du vol JT43) était confiant dans sa capacité à poursuivre son vol vers Jakarta », où il s’est posé à 22h55. Le même avion a redécollé le lendemain à 6h20 en direction de Pangkal Pinang dans l’île de Bangka au large de Sumatra, avec 181 passagers et huit membres d’équipage, avant de s’écraser en mer 13 minutes plus tard.

Si le crash de lundi n’est « que » le deuxième mortel dans l’histoire de Lion Air (25 personnes avaient péri en 2004 quand son McDonnell Douglas MD-82 s’était écrasé à Surakarta), elle a connu plusieurs accidents sérieux, dont celui de 2013 à Bali qui n’avait fait aucune victime alors qu’un 737-800 avait atterri en mer lors d’un atterrissage raté. Lion Air figurait alors sur la liste noire des compagnies aériennes interdites de vol en Europe, mais en était sortie en juin 2016 – en même temps que sa filiale Batik Air et Citilink, la low cost de Garuda Indonesia. En juin dernier, la Commission européenne retirait tous les transporteurs aériens indonésiens de sa liste noire, « compte tenu des nouveaux progrès en matière de sécurité aérienne qui ont été constatés dans ce pays ». Au total, Lion Air a perdu cinq avions dans des incidents divers depuis 2002, cinq autres étant sérieusement endommagés.

L’accident du vol JT610 est le plus grave en Indonésie depuis 2015, quand un Airbus A320 de la low cost AirAsia Indonesia s’était écrasé en mer lors du vol QZ8501 entre Surabaya et Singapour. Le pire dans l’histoire du pays reste celui de Garuda Indonesia en septembre 1997, quand son A300 s’était écrasé sur une colline lors de son approche de l’aéroport de Medan (234 morts).

Crash de Lion Air : des débris mais pas d’explication 2 Air Journal

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