La compagnie aérienne low cost Ryanair a trouvé jeudi un accord avec le syndicat Forsa représentant les pilotes en Irlande, où cinq jours de grèves avaient déjà été menés. Elle lancera en novembre une nouvelle politique bagage, avec entre autres la possibilité d’enregistrer en soute un bagage de 10 kilos pour 8 euros, et va renforcer sa base à Londres-Luton avec deux avions et six nouvelles routes pour cet hiver.
La médiation lancée la semaine dernière en Irlande a réussi : la spécialiste irlandaise du vol pas cher a annoncé le 23 aout 2018 être arrivée à un accord avec le syndicat de pilotes Forsa. Aucun détail ne sera divulgué dans l’immédiat à la demande du médiateur Kieran Mulvey, qui selon Ryanair a demandé « de s’abstenir de tout commentaire en attendant le résultat du vote des pilotes ». Une fois cet accord approuvé par les membres de Forsa, « ces propositions seront présentées au Conseil d’administration » de la low cost. Les dernières négociations ont duré 22 heures depuis mercredi, selon un communiqué du syndicat qui n’entend pas en dire plus. Les négociations portaient principalement sur la gestion de l’ancienneté et les conditions de travail ; nul ne sait si la menace d’une réduction de voilure à Dublin, qui entrainerait le transfert vers la Pologne de 300 postes de pilotes et PNC, a été évoquée. L’annonce a en tout cas suffit pour voir le cours de l’action de Ryanair à Dublin bondir de près de 7%.
Demandée par le syndicat et acceptée le 5 aout par Ryanair, la médiation menée par Kieran Mulvey, ancien membre de la Commission du travail et de la Commission des relations professionnelles, avait débuté sous de bons auspices : le porte-parole de l’IALPA (intégré désormais dans Forsa) Bernard Harbour se disait optimiste quant à la conclusion d’un accord. Il expliquait alors que la durée du conflit n’était due qu’à « l’inexpérience » de Ryanair dans la négociation avec les syndicats : cela fait seulement sept ou huit mois qu’ils ont décidé de traiter avec les syndicats, c’est pourquoi je pense qu’ils ont du mal avec le processus, mais ils viennent ici pour nous parler et cela ne peut être qu’une bonne chose ». Tout en dénonçant des grèves injustifiées, la low cost espérait aussi que cette médiation permettrait à Forsa de « reprendre le contrôle de son rôle » dans les négociations, hors de l’ingérence « des pilotes non-Ryanair » (une allusion à ses accusations portées contre un pilote d’Aer Lingus).
Ryanair n’en a cependant pas fini avec les syndicats : la grève du 10 aout menée par des pilotes en Irlande, Allemagne, Belgique, Suède et aux Pays-Bas avait entrainé l’annulation de quelque 400 vols, tandis que le mois dernier, 600 vols avaient été annulés en deux jours en raison d’une grève des hôtesses de l’air et stewards en Belgique, en Espagne et au Portugal. Autant de pays où les négociations vont se poursuivre.
Côté passagers, Ryanair a annoncé hier son intention de réduire les frais des bagages enregistrés, avec l’introduction d’une nouvelle offre (un bagage de 10 kilos en soute pour 8 euros) et de réduire la taille du deuxième sac gratuit à l’embarquement « qui a entrainé trop de retards ». Cette nouvelle politique sera appliquée sur tous les vols opérés à partir du 1er novembre, et pour toute réservation effectuée à partir du 1er septembre.
– Les clients prioritaires à l’embarquement (actuellement 30%) peuvent continuer à apporter 2 bagages à main gratuits (1 sac de 10 kg et 1 petit sac dont la taille maximale augmente).
– Les clients non prioritaires ne peuvent apporter qu’un bagage à main gratuit (petit) à partir du 1er novembre.
– Si ces clients non prioritaires veulent apporter un 2ème sac (à roulettes) plus grand, ils peuvent acheter un bagage de 10 kg moins cher au prix de 8 € au moment de la réservation (actuellement, un sac de 20 kg coûte 25 €). Ce sac à roulettes de 10 kg doit être enregistré au guichet de l’aéroport.
Tous les clients ayant déjà réservé un bagage enregistré peuvent basculer du tarif 25 € pour 20 kg au nouveau, 8 euros pour 10 kilos. Environ 60% des clients ne seront pas affectés par cette modification de la politique des sacs, affirme la low cost dans son communiqué, « puisque 30% des clients achètent déjà un service d’embarquement prioritaire et que 30% voyagent déjà avec un seul bagage à main gratuit ». Ryanair s’attend à ce que la majorité des 40% de clients restants (non prioritaires) concernés par cette nouvelle politique optent pour l’embarquement prioritaire ou choisissent de voyager avec un seul bagage à main gratuit, et que d’autres optent pour le bagage enregistré de 10 kilos.
Enfin on retiendra l’annonce par Ryanair d’un renforcement de sa base à l’aéroport de Londres-Luton, où deux Boeing 737-800 de 189 places seront ajoutés d’ici l’hiver aux quatre déjà présents. Six nouvelles liaisons y seront lancées vers Alicante (3 vols par semaine), Athènes (3), Barcelone (7), Bologne (7), Cork (6) et Malaga (6), pour un total de 21 routes avec plus de cent vols par semaine qui pourront accueillir jusqu’à 2,2 millions de passagers par an. L’investissement de 200 millions de dollars permettra en outre de porter l’emploi à « 1650 postes sur place ».
Le directeur général de l’aéroport de Luton, Nick Barton, a déclaré que Ryanair « a joué un grand rôle dans notre succès depuis son arrivée à LLA en 1986, et la décision d’étendre sa présence ici témoigne de notre transformation en un aéroport international de classe mondiale. Nous réalisons actuellement le plus gros investissement de notre histoire de 80 ans pour répondre à la demande continue des passagers et leur offrir la meilleure expérience de voyage possible ».
justdoit a commenté :
24 août 2018 - 12 h 18 min
Nego qui avance mais bon… toujours 80% des copis avec un contrat précaire sous forme d’auto entrepreneur façon Uber, à payer le type rating, les hôtels, la bouffe etc…. c’est pas le fait que qq avions ne seront pas transférés en PL qui va changer la situation. D’un âne on ne fait pas un cheval de course. De Ryanair on ne fait pas une boite respectueuse de ses employés (ou autoentrepeneurs comme on veut)
Non, non et non a commenté :
24 août 2018 - 15 h 37 min
Sauf qu’aujourd’hui, et pour beaucoup ici même sur ce forum, l’argent n’a pas d’odeur. On peut commercer avec l’Iran, avec le Qatar, avec les Emirats, cela ne pose aucun problème de conscience.
Alors prendre une compagnie au personnel (sur)exploité, fût-ce en Europe, où est le problème ?
Justdoit a commenté :
25 août 2018 - 10 h 30 min
T’as oublie de dire « commercer avec les USA »…
Mais sinon cest vrai que ton commentaire est un beau hors-sujet.
Brady20 a commenté :
25 août 2018 - 7 h 36 min
Mais quand tout le monde aura compris que Ryanair est LA compagnie a boycotter; du personnel aux conditions de travail déplorables et irrespectueuses … aux clients que l’on prend de plus en plus pour des idiots, conditions de transport parfois très limite (et oui ce n’est pas du bétail !). On annonce maintenant les bagages payant même en cabine au dessus de 10kg … et pourquoi bientôt faire payer les toilettes à bord ? La compagnie a enfin accepté un syndicat en décembre 2017 … pour enfin être à l’écoute des revendications du personnel ? Dans cette soif effrénées au profit, il est important de rappeler que Michael O’Leary, PDG de la compagnie, a empoché 1,45 milliard d’Euros de bénéfice sur l’année 2017-2018, soit 10% d’augmentation malgré l’annulation de nombreux vols. Il est de devenu l’homme le plus riche d’Irlande … Faisons en sorte que cette comédie cesse …
Eddy Donck a commenté :
25 août 2018 - 9 h 23 min
Boycott ? On n’en voit pas la raison. Celui qui accepte les conditions de vente de Ryanair prend Ryanair, celui qui ne les accepte pas prend une autre compagnie, c’est tout. Quant au personnel, il a signé librement à l’engagement un contrat d’emploi et il est libre de démissionner s’il trouve mieux ailleurs.