Le numéro 2 d’Air Canada Benjamin Smith serait pressenti pour prendre la tête du groupe Air France-KLM, mais le syndicat de pilotes SNPL ne veut pas de cette candidature qui serait poussée par les actionnaires néerlandais et américain.
Le comité de nomination du Conseil d’administration de la compagnie aérienne franco-néerlandaise serait d’après Le Monde tombé d’accord sur le nom de Ben Smith, directeur de l’exploitation chez Air Canada, qui deviendrait directeur général du groupe avec un président non-exécutif à ses côtés. La possibilité de nommer un CEO étranger à la tête d’Air France-KLM, dont le patron a toujours été français, était actée depuis le mois dernier, et ce sous la pression des actionnaires Delta Air Lines et China Eastern Airlines – et avec l’accord des Néerlandais. Ce qui entrainerait la suppression du poste de PDG, dont Jean-Marc Janaillac avait démissionné le 4 mai suite au rejet par les employés de ses propositions salariales.
Employé depuis 2002 par la compagnie nationale canadienne, Benjamin Smith y est décrit comme assurant la responsabilité générale de l’ensemble des fonctions liées au service à la clientèle, aux affaires commerciales et à l’exploitation d’Air Canada dans le monde entier. Il est aussi responsable de la stratégie marketing et de son rendement opérationnel et financier. Le site d’Air Canada le décrit aussi comme « le visionnaire de l’expansion stratégique et diversifiée du réseau mondial à plus de 200 destinations sur six continents, avec un parc aérien comprenant plus de 350 appareils. Il est également l’architecte principal du développement complet de Toronto-Pearson en tant que plaque tournante mondiale d’Air Canada, en plus de Vancouver en tant que principale porte d’accès à la région Asie-Pacifique et de Montréal pour le marché français, (des aéroports) où le réseau mondial de la compagnie et intégrés à réseaux transfrontaliers nationaux et américains ». La compagnie rappelle que c’est Ben Smith qui avait lancé la filiale loisirs Rouge, et surtout qu’il « a été le négociateur principal au cours des négociations collectives du transporteur avec les deux syndicats représentant les pilotes et les agents de bord, négociations qui ont mené à la conclusion d’accords historiques de dix ans ».
Le processus de nomination de la nouvelle gouvernance « est en cours et se poursuit. Aucune décision n’est prise », a réagi la direction du groupe de l’alliance SkyTeam. On sait déjà que le nouveau patron d’Air France sera nommé en septembre, le comité de nomination continuant sa recherche de l’oiseau rare (ou plutôt désormais des oiseaux rares) après l’abandon des pistes concernant la PDG de la RATP Catherine Guillouard ou Philippe Capron de Veolia.
Mais le nom de Ben Smith a immédiatement fait réagir le SNPL, qui dans un long communiqué appelle à un « traitement impartial des candidatures » – et argue en faveur d’une intervention du président français Emmanuel Macron. La principale faiblesse d’Air France selon le syndicat majoritaire chez les pilotes « réside dans son incapacité à se renouveler de l’intérieur. Gangréné par les logiques de réseaux, l’organigramme souffre d’une incapacité chronique à accueillir de nouvelles têtes et donc, à déployer de nouvelles stratégies. C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on puisse formuler à l’encontre du président sortant. Alors que l’ensemble des pilotes nourrissait l’espoir que son arrivée provoquerait une cascade de renouvellement dans le Comité exécutif, c’est l’inverse qui s’est produit. Ainsi, après la signature de l’accord Trust Together Pilote et la création de JOON, au lieu d’assister à un mouvement de réforme, nous sommes restés médusés devant le départ de Jérôme Nanty, Secrétaire général d’AF-KLM en charge de la Transformation, principal artisan de cet accord, ainsi que par le retour en force de ceux qui ont montré tant de fois leurs limites dans la gestion de l’entreprise ». Aujourd’hui, « alors qu’il s’agit de trouver la personne qui conduira notre avenir, ce sont encore messieurs Frédéric Gagey, Franck Terner, Gilles Gateau ainsi qu’une grande partie du Conseil d’administration et du Comité exécutif qui sont à la manœuvre dans l’unique but de sauver leur poste ».
Dans un contexte où la partie française du Groupe se montre « très affaiblie par l’échec de son dialogue avec le corps social, Américains et Néerlandais se retrouvent en position de force au sein du Conseil d’administration. L’hypothèse d’un patron nord-américain commence même à prendre corps… En corollaire, son accession à la tête de l’entreprise serait facilitée par la promesse du maintien en place de la vieille garde française. Air France mérite mieux que cette tambouille mijotée par un comité de nomination dont l’unique objectif est de se préserver », estime le syndicat pour qui les changements en profondeur qui lui sont indispensables « nécessitent une impulsion. Celle-ci ne pourra venir de l’intérieur. Si le Président Macron doit être interpellé, ce n’est donc pas pour lui dire de regarder ailleurs… Au contraire il doit sommer le Conseil d’administration de faire un travail impartial, de reconsidérer l’ensemble des candidatures à la vue des éléments nouveaux, comme par exemple l’augmentation du niveau de rémunération du futur dirigeant ».
Le SPNL estime qu’il y a parmi ces candidats non précisés « des profils qui correspondent aux besoins vitaux de l’entreprise. Il y a deux ans, lors du départ d’Alexandre de Juniac, nous avons raté l’occasion de trouver la personne idéale. Ne la manquons pas une deuxième fois. Air France pourrait, cette fois-ci, ne pas s’en remettre », conclut-il.
Rappelons que les syndicats français menacent de reprendre leur conflit sur les salaires en septembre, alors qu’ils avaient suspendu leur mouvement suite à la démission de Jean-Marc Janaillac, après avoir mené quinze jours de grève depuis février. Les syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), du personnel au sol (CGT, FO, SUD) et d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC, UNSA-PNC, CFTC, SNGAF) déclaraient fin juillet : « avec ou sans PDG, dès le mois de septembre pour ne pas pénaliser nos passagers pendant l’été, le conflit pour les salaires reprendra. Et seul un accord pourra y mettre fin ».
Au sujet de la gouv d'AFKLM, il semble que DELTA et KLM pèsent de plus en plus. Donner suite à une solution (ben Smith) dont le seul avantage serait le maintien des personnes qui ont échouées serait une grave erreur. D'autres solutions à portée de nous existent! AF le mérite…
— Philippe Evain (@evainphil) August 7, 2018
Alex le Grand a commenté :
9 août 2018 - 7 h 34 min
Sur le fond le SNPL n’a pas tort ! AF souffre d’une sorte de “caste des médiocres”, ces 1000 cadres du sièges, inamovibles autant qu’incompétents, dont le seul but est de préserver leur rente sans souci du devenir de l’entreprise. Nombreux, mauvais, coûteux, ils sont responsables des errements et erreurs stratégiques, ils sont improductifs et représentent une masse salariale conséquente, qui explique une large partie de la faible marge de la société. Comparons le nombre de cadres au siège d’AF, compte tenu du CA, à celui de BA et LH et le résultat est édifiant ; si on compare à EK, on est pris de vertige ! Cette caste de petits marquis et marquises vont encore une fois totalement embobiner le nouveau dirigeant pour se protéger.
Regardez sur LinkedIn les dizaines de profils de ces cadres avec des titres et fonctions aussi flous que vaseux.
Par contre, l’intervention d’un syndicat dans la nomination du patron, n’est pas sans rappeler la culture soviétique, voire bolchévique. Peut-être que le président du SNPL, pensait à lui ! 🙂
Euclide a commenté :
9 août 2018 - 8 h 05 min
Si il y a , peut etre, pléthore de cadres de direction chez AF ou dans les bureaux, il n’empêche que le COMEX passe des accords avec d’autres compagnies.
Pour le reste, je souhaite bien du plaisir au futur dirigeant ou dirigeante.
Bio a commenté :
9 août 2018 - 7 h 48 min
Faites ce que je dis mais pas ce que je fais…
“a la maneuvre pour sauver leur poste”
“Air France pourrait ne pas s’en remettre”
“maintien de la vieille garde”
J’ai pas l’impression que ça s’applique qu’aux dirigeants…
Perplexe a commenté :
9 août 2018 - 7 h 53 min
Et dire que même si la direction est catastrophique c’est bien le SNPL qui est responsable de la situation a AF. Après avoir fait une lourde grève inutile, il regrette a demi teinte ce bon JMJ.
Vivement les nouvelles élections syndicales pour voir AF débarrasser du clown dirigeant le SNPL.
Rame a commenté :
9 août 2018 - 8 h 47 min
En même temps cette idée de référendum était d’un orgueil et d’une stupidité sans nom… Personne ne demandait son départ.
Perplexe a commenté :
9 août 2018 - 8 h 52 min
Qui avait pour but de calmer les syndicats pour ne pas détruire la saison été qui est vitale pour AF…
Bragon a commenté :
9 août 2018 - 9 h 15 min
Les syndicats responsables des mauvais résultats économiques ?
Alors ça sert à quoi d’avoir autant de directeurs dans cette boîte ?
EPL 1986 a commenté :
9 août 2018 - 8 h 31 min
Ils sont la risée depuis longtemps les PNT d’AF dans les crew lounge…sauf pour leurs uniformes.
Bragon a commenté :
9 août 2018 - 9 h 14 min
Et c’est pour ça que tout le monde rêve de rentrer à AF sans doute.
En général, ceux qui critiquent sont ceux qui ont raté les sélections.
Je dis ça, je dis rien…
Leo a commenté :
9 août 2018 - 8 h 40 min
Mais Y a vraiment qqun qui veut se poste lol ? Laissez couler AF pour de bon et qu elle passe en mains étrangères. Là ils verront ce que c est de bosser ….. Un américain a la tête serait juste royal :))))
Bragon a commenté :
9 août 2018 - 9 h 12 min
Je propose aussi que le président chinois remplace Macron, comme ca les francais verront ce que c’est de bosser ! Fini les RTT, les congés, la sécu, la retraite, pôle emploi….
l'aiglon a commenté :
9 août 2018 - 9 h 13 min
c’est de l’ordre du fantasme, tu peux mettre qui tu veux, AF sera géré avec le droit Francais avec tous ce qui va bien…. et le moins bien.
Joan_Miro a commenté :
9 août 2018 - 8 h 59 min
Je ne comprends pas le SNPL. Ben Smith pourrait “nettoyer” cette clique de cadres incompétants?
Constat et suggestion... a commenté :
9 août 2018 - 9 h 04 min
” incapacité à se renouveler de l’intérieur….et à accueillir de nouvelles têtes”…. Ben, c’est peut être exactement pour cela qu’ils sont aller chercher en extérieur le Premier de Cordée ( pour utiliser un vocabulaire politique ” nouveau monde”)…
Constat: le SNPL est opposé à cette nomination…et son représentant au CA d’AFKLM votera donc contre sa nomination…ce qui fondamentalement ne changera rien à rien vu les majorités…
Si ce Monsieur est nome quand même, il faudra donc s’attendre à des” humeurs” côté PNT…..Conseil: réservez ailleurs pour toute la fin de l’année 2018 et le premier trimestre 2019, au moins…
Suggestion: et si l’on faisait un marché: La tête et les pouvoirs décisionnels de AFKLM seraient donnes au SNPL…et aux PNT, et en échange le SNPL et les PNT paieraient de leurs poches tout déficit de la compagnie…. Chiche?
Piaf a commenté :
9 août 2018 - 9 h 09 min
Evain et ses boys and Girls sont impayables. Ce type est une bénédiction pour les concurrents. Les pilotes du Snpl alpa avaient été bien inspirés de voter pour lui en connaissant son passé et celui des membres de son équipe.
Avec un peu de chance, il peut être même ré-elu cet automne.
PS : merci au modérateur d’avoir supprimé mon post hier…