Dans un contexte social plus apaisé que les mois précédents, la croissance du trafic connaît une nouvelle embellie en cette fin du premier semestre avec une hausse de +6,8% du nombre de voyageurs le mois dernier, soit plus d’un million de passagers supplémentaires qu’en juin 2017. En cumul annuel, la progression du trafic s’établit à +4,8% au terme du semestre, avec le cap des 80 millions de voyageurs aériens franchi pour la première fois à ce stade de l’année.
Selon les statistiques mensuelles de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) pour juin 2018, le marché intérieur poursuit sa croissance en juin (+2,8%). Il reste essentiellement soutenu par l’expansion continue des liaisons transversales métropolitaines (+8,4%) et celui des lignes reliant la Métropole aux Outre-mer (+8,0%) sur lesquelles les Antilles (+8,4%) progressent désormais presque autant que La Réunion (+8,8%). En Métropole, les liaisons desservant Paris résistent un peu mieux que les mois précédents (-0,9%) mais restent nettement en repli sur l’ensemble du premier semestre (-3,4%). En cumul annuel, le trafic intérieur est en hausse de +2,2% sur les six premiers mois de 2018.
Le trafic international renoue en juin avec une « croissance très intense » (+7,8%), en particulier sur les liaisons extra européennes (+13,5%). Le trafic bondit de façon spectaculaire avec l’Afrique (+21,1%) mais aussi très significativement avec l’Asie (+12,1%) ; le Maghreb fait preuve d’un dynamisme plus que certain (+27,5%), une pointe exceptionnelle est même enregistrée sur la Tunisie (+40,2%) qui confirme son rang de destination du moment sur le semestre (+17,7%). En Amérique (+8,2%), la croissance est alimentée par le dynamisme du marché de l’Atlantique Nord (+10,3%) alors que le Centre et le Sud du continent font montre de stabilité (+0,5%). En comparaison, la tendance sur l’Europe apparaît un peu plus modérée (+5,5%) avec, comme en mai, une tendance plus appuyée vers le Sud du continent (Espagne, Portugal, Grèce, Malte…) ainsi que vers les Balkans (Roumanie, Bulgarie, Croatie, Serbie…). En cumul annuel, le trafic international progresse de +5,5% avec des valeurs s’étalonnant, selon les continents, entre +7,8% pour l’Afrique et +3,5% pour l’Amérique.
Côté compagnies aériennes, la DGAC souligne que la fin du conflit Air France se traduit par un certain rééquilibrage du partage de la croissance entre le pavillon français et ses concurrents. Si les uns et les autres réalisent des performances similaires sur le marché intérieur (+2,8% contre +2,9%), c’est comme le mois précédent à l’international que se creuse l’écart entre les opérateurs (+7,1% contre +8,1%) au détriment des compagnies hexagonales. Le différentiel de croissance en défaveur des entrepreneurs tricolores s’établit en juin à -2,2 points mais atteint -5,2 points sur le semestre. Apprécié en cumul annuel, l’effritement de la part de marché du pavillon national se stabilise au terme du mois de juin mais reste à un niveau marqué : -1,2 point en passagers comme en passagers kilomètres transportés (PKT) contre respectivement -1,3 et -1,1 point fin mai.
Côté aéroports, Nantes (+13,9%) et Lyon (+10,1%) se distinguent en juin par une croissance à deux chiffres tandis que Beauvais poursuit sa lente convalescence (+1,1%) ; les autres plateformes majeures enregistrent une hausse relativement homogène de leur fréquentation s’échelonnant entre +6,4% (Bordeaux) et +4,1% (Toulouse). En cumul annuel, à l’issue du premier semestre, les deux aéroports parisiens progressent de concert à +3,0% et frôlent ensemble le seuil des cinquante millions de passagers ; en région, Nantes reste solidement premier de cordée (+13,9%), loin devant Lyon (+7,4%), Bâle-Mulhouse (+6,9%) et Bordeaux (+6,3%) ; à l’exception de Beauvais (-0,8%), les autres aéroports approchent sinon passent le cap des 5% de hausse.
Contrepartie de la hausse du trafic, la ponctualité des vols qui se détériore dans l’ensemble de l’Europe ne cesse de se dégrader en France. En phase avec la situation constatée à l’échelle continentale par Eurocontrol sur le semestre, à laquelle se sont ajoutées en juin des perturbations dans les domaines sociaux et techniques en France, les indicateurs régressent de façon conséquente et atteignent en juin des valeurs critiques : le taux des vols retardés de plus d’un quart d’heure au départ atteint 37,0%, soit 9,7 points de plus qu’en juin 2017 ; le retard moyen au départ (tous vols confondus) s’élève à 20,9 minutes, soit 5,7 de plus que l’an dernier. Les indicateurs ont atteint leurs valeurs maximales (respectivement 47,7% et 27,7 minutes) lors des trois séquences de grève touchant le Centre en Route Sud-est (week-ends des 9/10, 16/17 et 23/24 juin) ainsi que lors de la journée du 26 en raison d’une défaillance du système de traitement des plans de vol (STPV).
Côté mouvements aériens, après la parenthèse de mai, le nombre de mouvements contrôlés en France métropolitaine repart à la hausse (+1,3%) grâce à la croissance des survols du territoire (+2,4%). Concernant les seuls mouvements touchant les aéroports français (+0,2%), l’équilibre est atteint par une progression des vols à l’international et l’Outre-mer (+0,8%) qui parvient avec peine à compenser le repli des seuls vols domestiques (-1,3%).
Olivier85 a commenté :
20 juillet 2018 - 8 h 39 min
Nantes a une croissance demesurée depuis quelques années. Le futur concessionnaire aura du boulot.. Ils ne vont pas tarder à rattraper Bordeaux à ce rythme là. Et dire qu’on leur a coupé l’heber sous le pied pour leur développement avec la construction d’un nouvel aéroport pour le Grand Ouest et que Nantes-Atlantique se trouve à 3 quelques encablures du centre ville. Incompréhensible…
Bertlondon a commenté :
21 juillet 2018 - 18 h 17 min
Olivier, je trouve que le terme de croissance “démesurée” n’est pas approprié. Il s’agit plutôt d’un effet de rattrapage, il ne faut pas oublier que Nantes n’est que 9e aéroport en France (7e de province). Alors que la métropole nantaise est 7e (6e hors Paris) en nb d’habitants. Quand on raisonne un peu plus largement, il y a 6M d’habitants à moins de 2h de route de Nantes-Atlantique. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de Bordeaux par exemple. Les régions Bretagne et Pays de la Loire sont densément peuplées avec beaucoup de villes de taille moyenne qui viennent renforcer la clientèle de l’aéroport. Enfin il y a bien-sur l’effet positif lié au dynamisme économique dans le Grand Ouest, et plus particulièrement à Nantes. Il faut prévoir encore plusieurs années de forte croissance à Nantes car les prendre l’avion n’est plus réservé à l’elite, les low cost ont permis à un public très large de voyager. Alors bien-sur l’Etat fait tout pour casser cette dynamique, aidé par un certain lobby breton (Rennais) qui a ses oreilles à Paris. Si le journal Ouest-France n’avait pas fait autant de propagande anti NDDL (ce qui a contribué à créer la ZAD), le nouvel aéroport existerait aujourd’hui! Il faut que les Nantais se battent pour reprendre le contrôle de leur aéroport. Vinci a beaucoup œuvre pour son développement mais elle a d’autres intérêts. La CCI de Nantes-St Nazaire devra être partie prenante dans le nouvel appel f’offres. Les dirigeants nantais n’ont désormais plus aucune confiance dans ce gouvernement pour organiser l’avenir de la plateforme Nantes-Atlantique.
Bertlondon a commenté :
21 juillet 2018 - 20 h 50 min
Quand je parle de lobby breton qui a tout fait pour œuvrer en coulisses contre le projet NDDL, il ne s’agit pas de tous les bretons… beaucoup étaient favorables au projet, surtout le Morbihan (Vannes et Lorien) qui aurait été à 1h (1h30 au maximum) des pistes de NDDL. Mais la ville de Rennes, qui a un ego surdimensionné, a tout fait pour faire capoter le projet. À tort à mon avis car ce qu’ils gagnent à court terme ( quelques vols supplémentaires et un agrandissement de leur aéroport) est dérisoire en comparaison du service qu’aurait représenté NDDL, avec des fréquences plus importantes vers les principales villes européennes et des prix du plus attractifs grâce à la concurrence entre compagnies. Résultat: les Rennais vont finir par prendre le train pour aller prendre l’avion à Orly ou Roissy… Quel progrès !