Un responsable de Transport Canada estime que les Boeing 737 MAX devraient être « débarrassés » du logiciel anti-décrochage MCAS, impliqué dans deux crashes en cinq mois qui ont fait 346 victimes chez Lion Air et Ethiopian Airlines.

Selon des courriels échangés publiés par le New York Times, Jim Marko, responsable de l’intégration et de la sécurité des aéronefs à Transports Canada, Aviation civile, a envoyé une présentation à la FAA, l’EASA et l’ANAC brésilienne, suggérant que le MCAS « doit être supprimé, c’est la seule solution que je considère pour avancer » avant que le monocouloir remotorisé ne soit autorisé à revoler. Linh Le, ingénieur en sécurité des systèmes à la FAA, a partagé le message de M. Marko avec d’autres membres de l’agence américaine, toujours selon le quotidien, expliquant qu’il « partageait ses inquiétudes » : son collègue canadien pense que le MCAS « a introduit des risques catastrophiques qui n’existaient pas auparavant », le système et sa mise à jour « ajoutent trop de complexité », il y a eu « de nombreuses révisions du logiciel et chacune n’était qu’un pansement ». M. Le s’est dit « préoccupé » par le fait que les régulateurs pourraient accepter la mise à jour de MCAS alors même que des problèmes liés au correctif « continuaient de surgir » : « Cela me laisse avec un niveau de malaise que je ne peux pas regarder passer en restant les bras croisés ».

Il s’agit de « discussions de travail » qui n’ont pas été validées, a précisé par la suite le régulateur canadien. Un communiqué de son directeur général Nicholas Robinson explique que le courriel « reflète des discussions entre des experts hautement qualifiés en matière de certification des aéronefs chez les principales autorités de l’aviation, qui ont toute latitude pour évaluer toutes les questions et examiner toutes les solutions permettant de remettre en service l’avion en toute sécurité ». Boeing a de son côté de nouveau déclaré vendredi qu’il « travaille avec la FAA et les régulateurs mondiaux à leur fournir les informations qu’ils demandent pour certifier le Max, afin de pouvoir le remettre en service en toute sécurité ». Quant à la FAA, sa porte-parole Lynn Lusford a déclaré au New York Times que le courriel en question était « un exemple » des discussions franches tenues entre les différents régulateurs « à différentes étapes du processus dans le cadre de l’examen approfondi des travaux de Boeing ».

Rappelons que Boeing espérait mi-novembre redémarrer les livraisons de ses 737 MAX en décembre, avec un retour en service commercial en janvier 2020, après avoir passé avec succès un test en simulateur de la mise à jour du système anti-décrochage. Les compagnies aériennes américaines American Airlines, United Airlines et Southwest Airlines ont reporté à début mars 2020 le retour dans les programmes de vols de leurs 737 MAX.

Canada : virez le MCAS des Boeing 737 MAX 1 Air Journal

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