Le PDG de Boeing a dévoilé un nouvel organigramme pour renforcer la sécurité de ses avions, alors qu’il doit être auditionné par le Congrès le 30 octobre prochain à propos du 737 MAX impliqué dans deux accidents qui ont fait 346 victimes.

Dennis Muilenburg a annoncé le 30 septembre 2019 qu’une nouvelle organisation de Sûreté des produits et des services, rassemblant des services disséminés dans l’entreprise, sera dirigée par Beth Pasztor, travaillant chez Boeing depuis 34 ans et vice-présidente de la division Avions commerciaux où elle était responsable de l’intégration des mesures et initiatives en matière de sécurité des produits et de conformité réglementaire. Son équipe examinera « tous les aspects de la sûreté des produits, y compris les cas de pressions excessives et les préoccupations en matière de sûreté des produits et des services soulevées anonymement par les employés », a précisé le PDG. Mme Pasztor supervisera l’équipe d’enquête sur les accidents de Boeing, les commissions de sécurité et le programme ODA qui permet aux constructeurs validés par l’Administration fédérale de l’aviation civile (FAA) de mener eux-mêmes les inspections de sécurité sur leurs propres appareils. Elle rendra compte au Comité de la sûreté aérospatiale du conseil d’administration de Boeing et au directeur technique de l’entreprise, Greg Hyslop ; tous les ingénieurs de l’entreprise rendront également compte à M. Hyslop, dont la priorité sera « la santé et la capacité de la fonction d’ingénierie et les besoins connexes ».

« Ces changements renforceront notre équipe et nous permettront de mettre davantage l’accent sur la sécurité tout en profitant à nos clients et à notre rendement opérationnel, et de mettre davantage l’accent sur l’apprentissage, les outils et le développement des talents à l’échelle de l’entreprise », a déclaré M. Muilenburg. Boeing met également sur pied un Programme des exigences de conception « pour renforcer une culture d’amélioration continue, d’apprentissage et d’innovation ; améliorer le programme de sécurité de l’exploitation continue pour accroître la visibilité et la transparence de tous les rapports de sécurité et de sécurité potentiels ; établir des partenariats avec des clients commerciaux et de la défense, et d’autres intervenants, pour faire en sorte que la conception des postes de pilotage continue à prévoir les besoins des futurs pilotes ; élargir le rôle et l’influence du centre de promotion de la sécurité pour renforcer la culture de sécurité établie par Boeing ».

Selon le communiqué de Boeing, au cours des dernières semaines, les ingénieurs en logiciel ont effectué « 390 000 heures de vol » sur le 737 MAX, soit l’équivalent de 45 ans de vol. « Assurer la sécurité du public, des pilotes et de l’équipage est notre priorité absolue alors que nous travaillons à la remise en service du 737 MAX », a poursuivi le dirigeant ; « Nous continuerons d’apprendre des récents accidents, partagerons ce que nous avons appris avec l’ensemble de la communauté de l’aviation, et en sortirons meilleurs et plus forts en tant qu’entreprise et en tant qu’industrie ».

Boeing : un effort sur la sécurité en attendant le Congrès 1 Air Journal

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Les deux accidents en cinq mois de 737 MAX 8 des compagnies aériennes Lion Air et Ethiopian Airlines, ainsi que la gestion par Boeing et la FAA de la certification du système anti-décrochage MCAS, seront au cœur de l’audition de Dennis Muilenburg par le Comité aux transports du Congrès, prévue le 30 octobre. Ce sera la première fois que des responsables de Boeing seront entendus par les parlementaires, la pilote en chef Jennifer Henderson et l’ingénieur en chef John Hamilton devant également comparaitre devant la commission.

On retiendra aussi l’information du Wall Street Journal selon qui une version précédente du MCAS avait été développée pour le ravitailleur en vol militaire KC-46A (basé sur le 767) ; elle reposait alors sur de multiples capteurs et avait une capacité limitée à faire piquer l’avion, contrairement au MCAS utilisé sur les 737 MAX. Les deux systèmes ne sont pas « directement comparables », à répondu Boeing au quotidien.

Côté clients, la low cost Flydubai a annoncé une perte semestrielle de 53,6 millions de dollars, en baisse de 38% alors qu’elle visait un retour à l’équilibre (sur un trafic passager reculant de 7,5% en raison de la baisse des capacités). L’impact « significatif » de l’immobilisation au sol de ses 14 Boeing 737 MAX 8 et MAX 9 (sur 250 commandés) a été en partie atténué par des mesures d’économies, mais continuera à se faire sentir si cette immobilisation se prolonge, a prévenu la low cost.

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