Le site de notation Flight-Report publie un comparatif (*) de la classe Affaires/Business de la compagnie Air France face aux compagnies concurrentes, de l’état de sa flotte long-courrier et de ses différents chantiers de « retrofit » aujourd’hui et à l’horizon fin 2020. Cette étude exhaustive propose aussi une vue d’ensemble des sièges « full flat » et « full access » des cabines Affaires et enfin un benchmark des marqueurs attendus d’un service en classe Affaires.
Une note honorable pour Air France
Les contributeurs de Flight-Report notent les compagnies qu’ils empruntent sur 4 critères : le confort, l’équipage, la restauration (catering) et l’offre de divertissements. Sur ces 24 derniers mois, la compagnie Air France obtient une note honorable de 8/10, ce qui la positionne 13ème de ce classement. Elle se fait cependant sensiblement distancer par les compagnies du Golfe et par Turkish Airlines qui grignotent ses parts de marché. Par ailleurs, l’ambition passée de l’ancien PDG Alexandre de Juniac d’en faire une compagnie du niveau de Singapore Airlines semble bien lointaine.
La flotte Air France et Joon, aujourd’hui et demain
Aujourd’hui, Air France dispose d’une flotte long-courrier hétéroclite avec 5 types d’appareils long-courriers différents. Sur ses 68 Boeing 777, 44 ont été rétrofités dans le cadre du programme des cabines BEST qui a débuté en juin 2014 et qui s’est terminé en mai 2017. Ces avions sont équipés du siège Cirrus de l’équipementier français Zodiac Aerospace. Fin 2020, il est prévu que les 12 avions dédiés aux lignes très loisir (historiquement appelé COI) soient reconfigurés avec le nouveau siège Optima. À l’heure actuelle, il n’est pas prévu de reconfigurer les douze 777 restant configurés en « Loisir » (également appelé 42J).
Les 6 Boeing 787 Dreamliner de la flotte ont été reçus neufs avec le siège Cirrus ; d’ici fin 2020, 4 nouveaux 787 sont attendus. L’avion le plus emblématique de la flotte, l’Airbus A380, avec une flotte actuelle de 10 appareils dont 5 en location, possède toujours sa configuration d’origine avec des sièges NEV3/4 dit toboggan, âgés pour certains de 11 ans, lorsque le renouvellement moyen dans le secteur se fait au bout de 7 ans. Le programme de retrofit a été acté mais ne devrait débuter que fin 2020 soit 6 ans après la première annonce.
Les 15 Airbus A330 de la flotte disposent eux aussi du vieillissant siège NEV4. Après plus d’un an de retard et plusieurs changements, sa cabine sera enfin changée avec l’arrivée d’un nouveau siège, une version personnalisée de l’Equinox 2D de l’équipementier français Stelia Aerospace. Ce siège offrira un « full flat » mais pas de « full access » du fait de sa configuration en 2-2-2. Les 6 Airbus A340 dont les 4 exploités par Joon seront retirés dans les 2 ans à venir. A l’horizon fin 2020, les 6 premiers Airbus A350 rejoindront la flotte de Joon, ils seront équipés du siège Optima, le même que celui qui équipera les 777 « COI » rétrofités.
À l’heure actuelle, Air France propose un siège full flat sur 48% de ses avions long-courriers, soit moins de la moitié : la compagnie est ainsi très en retard par rapport à la concurrence qui pour l’immense majorité propose un siège full flat sur plus de 75% de leur flotte. Fin 2020, 80% de la flotte long-courrier proposera un siège full flat, ce qui signifie qu’il y aura encore 1 chance sur 5 de voyager assis sur un vieux siège de type toboggan. Au niveau du Full access, Air France le propose sur 48% de sa flotte actuelle, et ce chiffre passera à 66% à l’horizon fin 2020. Chez les concurrents, le full access est un must pour les compagnies qui souhaitent jouer en première division.
Service à bord
Au-delà de l’aspect « hard » du produit (typiquement le siège), l’aspect « soft » ne doit pas être oublié en classe Affaires, car c’est ici que les compagnies peuvent faire la différence et obtenir la préférence de cette clientèle exigeante. Le comparatif de Flight-Report a sélectionné 7 marqueurs d’un service en classe Affaires pour établir cette comparaison.
Lors de l’arrivée à bord, il est d’usage de recevoir un verre d’accueil. Certaines compagnies le proposent dès l’installation du passager en leur offrant le choix de leur boisson, lorsque d’autres, comme Air France attendent que l’embarquement soit terminé pour passer avec un plateau au choix limité. Pour se restaurer, 3 protocoles s’affrontent. Les compagnies les plus soucieuses des besoins de leurs passagers proposent un service « à la demande », très apprécié de la clientèle, mais cela demande une ressource importante en personnel.
La deuxième option consiste en la prise de commande du plat principal en amont du service. C’est moins personnalisé que le « à la demande » mais cela a le mérite de s’assurer de son plat chaud. Air France a introduit sous le protocole « Standard plus » la prise de commande depuis le 1er septembre dernier pour tous ses vols internationaux à l’exception des « COI ». Le service continue cependant à se faire au trolley pour l’apéritif, l’entrée et le dessert (disparition du chariot à desserts).
La troisième option consiste à imposer le rythme du service à ses passagers avec l’usage de très disgracieux trolleys en cabine : Air France utilise ce service sur ses lignes très loisirs « COI ».
Un autre marqueur en classe Affaires est la distribution de serviette chaude (ou froide), également appelée oshibori. Les compagnies les plus attentives la proposent roulée sur une réglette alors que les plus basiques préfèrent une distribution négligée, à la pince. Sur notre panel de compagnies, une légère majorité dont Air France préfère la distribution à la pince.
La qualité et le choix des vins servis à bord sont d’une grande importance. Il est pourtant très difficile de comparer les compagnies aériennes sur ce critère, car elles ont plus pour habitude de mettre en avant le nom d’un sommelier plutôt que des étiquettes. Pour établir une hiérarchie, le comparatif de Flight-Report a pris en compte à part égale, le choix de bouteilles de vins (champagne, blanc, rosé, rouge, dessert) et la note Bettane & Desseauve du champagne proposé.
Ainsi, en haut du classement, on retrouve notamment British Airways, Eva Air et Qatar Airways avec une note située entre 15 et 17/20. Un cran en dessous, avec une note entre 13 et 15/20, on a Air France mais aussi Cathay Pacific et SWISS. Entre 11 et 13/20 on retrouve des compagnies qui investissent sensiblement moins dans leur cave comme Lufthansa et American Airlines. Pour le bonnet d’âne, on a Iberia et LATAM qui ne proposent pas de champagne à bord et bien sûr la saoudienne Saudia qui est une compagne sans alcool, dite « dry ».
L’heure du repas venue, on retrouve trois écoles. La première consiste à mettre la table et à dresser le plat principal dans une assiette, cela demande de la ressource et de l’organisation. Les compagnies Garuda Indonesia, Oman Air et plus récemment Lufthansa ont adopté ce protocole. La seconde option consiste à présenter le repas sur un plateau, mais en prenant soin de dresser le plat principal : Delta Air Lines, Etihad Airways et Air Canada le font. Enfin, le service le plus simplifié est la distribution de plateau et le réchauffage des plats à même la cassolette, c’est souvent synonyme d’une présentation très brouillonne mais cela à l’avantage d’être le plus rapide : Air France, Emirates et Korean Air ont privilégié cette option.
Air France a bien fait une tentative de dressage de la table et du plat dans le cadre de son service « Ultra Business » disponible exclusivement vers Singapour, Tokyo-Haneda et pour certains vols vers New York, mais cette initiative a été abandonnée au 31 août dernier au profit d’un service simplifié et harmonisé, le « Standard plus ».
Connexion WiFi
La présence de l’internet par WiFi à bord devient de plus en plus un argument de poids pour les voyageurs d’affaires. En quelques années seulement, la majorité des compagnies aériennes ont investi dans un équipement WiFi mais avec des résultats encore très variables et bien souvent peu satisfaisants.
Au niveau de la tarification, les compagnies se cherchent encore. Les plus généreuses offrent la connexion mais avec une limite de temps et/ou de volume de data échangé : c’est le cas de Turkish Airlines, d’Iberia et de Finnair. Une légère majorité des compagnies propose du WiFi à bord mais sans aucune offre gratuite : c’est le cas d’ANA, de SWISS et de Saudia. Enfin une poignée de compagnies ne proposent pas le WiFi à bord (ou alors sur une minorité de leur flotte) : KLM, Cathay Pacific et Air France sont dans cette dernière catégorie.
Chez Air France, le WiFi n’est disponible qu’à bord des 6 Boeing 787 Dreamliner et d’un Boeing 777 et avec des offres uniquement payantes. Cependant, à partir de septembre de cette année, Air France équipera progressivement l’intégralité de sa flotte d’Airbus A330 et de Boeing 777 avec la technologie 2KU de Gogo, l’une des meilleures du marché.
Enfin, à l’heure du repos, il nous est encore possible d’identifier 2 types d’approches. La première consiste à offrir un service de « turn-down » qui comprend la présence d’un sur-matelas et/ou d’un pyjama, Air Austral, Singapore Airlines ou bien encore Malaysia Airlines proposent un tel service. À l’autre extrémité, il y a les compagnies qui ne font pas d’effort particulier, soit environ les 2/3 des compagnies évaluées dont Air France.
Air France en retard dans la modernisation des cabines Affaires
Cette étude montre le challenge auquel Air France doit faire face pour reconquérir ses clients de classe Affaires. Actuellement la notation de la compagnie est correcte, mais cela ne doit pas masquer un retard très important pris dans le retrofit des cabines avec aujourd’hui moins de la moitié de ses avions long-courrier équipés en sièges full flat.
Air France doit aussi revoir sa copie au niveau du service : contrairement aux autres compagnies plus agiles et plus à l’écoute des tendances, la compagnie française n’a que très peu fait évoluer son protocole et on se retrouve maintenant avec un service « vieille école » alors que les autres compagnies ont creusé l’écart tant au niveau de la présentation que dans l’attention dans les détails.
Elle a bien effectué des tests « Ultra Business » qui semblaient très prometteurs sur le papier, mais cela a été malheureusement abandonné au profit d’un protocole simplifié qui apporte bien peu de valeur ajoutée à l’expérience passager. Tout de même, elle a prévu d’apporter des améliorations courant 2019 dans son service avec notamment la disparition du trolley pour le service du dessert et l’apport du plat principal au rythme du client.
Sous prétexte que l’attention se porte sur le low-cost long-courrier ou sur sa filiale hybride Joon, Air France ne doit pas perdre de vue son produit Business, sa force reste son réseau mais si il elle veut garder mais surtout reconquérir cette clientèle profitable, il va falloir s’en donner les moyens et mettre les ressources matérielles et humaines adéquates.
(*) Méthodologie du comparatif
Moyenne des notes attribuées par les contributeurs de Flight-Report aux compagnies concernées, et portant sur des récits de voyages effectués en classe Affaires sur des avions de types gros porteurs et au cours de ces 24 derniers mois (août 2016 – juillet 2018). 791 récits ont été comptabilisés pour établir ce classement. Les informations brutes et la méthodologie complète utilisées pour cette étude sont disponibles sur demande à contact@flight-report.com .
Fcb1962 a commenté :
13 septembre 2018 - 16 h 36 min
AF a un très bon produit en classe affaires le soucis est que les grosses huiles n’écoutent pas ce que veulent les pax Premium….d’où un retard constant par rapport aux vraies compagnies innovatrices tournées vers le futur!
Une flotte loin d’être complètement rétrofittée. Pas de wifi disponible.
C’est dommage!
flydreamer a commenté :
13 septembre 2018 - 16 h 42 min
Enfin un article intéressant et qui nous permet d’oublier (un instant ) les préavis de grèves et autres dossiers brûlants sur AF.
Merci Air-Journal !
Pet a commenté :
13 septembre 2018 - 17 h 30 min
Merci Tyler ! AJ n’a fait qu’un copié-collé, sans un commentaire, ni mention que la copie était intégrale.
Enquête Honnête en ts cas, qui pointe les faiblesses et les points forts.
La bonne note d’AF place la satisfaction des pax à sa juste valeur, loin des abominations de pax virtuels lues trop souvent
Leo a commenté :
13 septembre 2018 - 17 h 17 min
La new business est vraiment top. Franchement un excellent produit mais quand on voit les cabines a380 c est tout l inverse. Dommage
$dreamliner a commenté :
13 septembre 2018 - 17 h 31 min
La meilleure classe affaire du monde reste celle de qatarAirways…
Singapor airlines et cathai pacifique ont eux aussi des belles classe business mais rien n’est comparable à la Qsuite❤ !
C’est de la 1ere classe en classe affaire???
Mais bon, peut être que le service ou le personnel n’est pas pour autant irreprochable !!!
William Monrovia a commenté :
13 septembre 2018 - 17 h 43 min
Pourquoi Brussels airlines ne fait pas partie des business class cite dans l’article?
Et malgré tous les défauts listes.... a commenté :
13 septembre 2018 - 17 h 45 min
..la classe Affaire AF reste la meilleure notée des compagnies européennes, sauf Turkish…bien bien meilleure que celles de BA, LH, IB, SR….etc….etc…
Pas si mal, finalement!
Comet4 a commenté :
13 septembre 2018 - 18 h 06 min
Un article bien détaillé sur la façon de comparer les produits ,
même si Air France n’est que treizieme elle est apparemment le première cie européenne (de l’ouest) et KLM la seconde pas si mal et ou se trouvent les alter ego : BA LH SK IB AZ SR ? et les cies américaines ?
flyer2 a commenté :
13 septembre 2018 - 18 h 06 min
Le classement est vraiment logique, et le pourquoi est clairement expliqué.
a380 et a350 sont les produits strategiques des compagnies (le premium, faire valoir, qualité++)
Chez AF: a380 laissés à l’abandon et a350 chez Joon.
Le message est clair, le but n’est pas d’etre dans le top5.
Jason Bourne a commenté :
13 septembre 2018 - 18 h 07 min
Vous ne parlez pas du service au sol déplorable et très impersonnel d’AIR FRANCE.
Lepognoncoutequecoute a commenté :
13 septembre 2018 - 18 h 19 min
Urgence à commander de nouveaux avions LC !
A380 à se débarrasser au plus vite…occasion manquée d’en faire le navire amiral de la compagnie avec un service très haut de gamme !!…
100 Boeing 77X ? 🙂
Shôgun a commenté :
13 septembre 2018 - 18 h 43 min
On notera qu’à l’exception de LATAM Chile, Air France et KLM, la totalité des 15 premières compagnies de ce classement sont asiatiques. Aucune compagnie d’Amérique du Nord, ce qui n’a rien de surprenant.
Et Air France à la 1ère place des compagnies européennes, preuve que le “AF bashing” à l’œuvre parmi les commentateurs de ce site ne reflète pas du tout l’avis des voyageurs internationaux mais plutôt celui de petits trolls franchouillards râleurs.
Un petit salut en passant à notre ami Erik de Nice.
Inukshuk a commenté :
13 septembre 2018 - 18 h 48 min
Comparatif très intéressant qui nous permet de constater, n’en déplaise aux critiques non fondées relatives à la QDS chez AF, que la Cie se compare plutôt sans complexe aux concurrentes européennes que ces mêmes grincheux ont l’habitude de citer en exemple.
Reste effectivement deux noyaux durs, celui des grèves des pilotes, épée de Damoclès en permanence au-dessus de la tête du client, et sa conséquence, les pertes financières induisant un retard dans la modernisation des cabines.
Pour ma part, mes derniers long-courriers avec AF se comparent favorablement voire très favorablement avec IB et LX, cette dernière m’ayant récemment particulièrement déçu.