Le constructeur européen Airbus a envoyé un bulletin d'alerte concernant les sondes Pitot à la centaine de compagnies aériennes exploitant les appareils des séries A330, A340-200 et A340-300, une alerte qui pourrait bien relancer le débat sur les causes de l'accident du vol AF447. Le bulletin d'alerte opérationnel n'a rien d'exceptionnel en soi, et ne fait que rappeler aux pilotes de ne pas réenclencher le pilotage automatique trop vite après un dysfonctionnement des sondes Pitot de mesure de vitesse, une procédure prévue dans les manuels. Airbus aurait en revanche découvert que deux des trois sondes Pitot tombant en panne en même temps pourraient envoyer les mêmes fausses indications à l'ordinateur de bord, ce qui pourrait provoquer des manœuvres dangereuses si le pilotage automatique était réengagé. Habituellement l'ordinateur de bord débranche le pilotage automatique en cas d'incohérence, et propose de le rebrancher si le problème semble résolu. Le manuel recommande aux pilotes de rester en pilotage manuel et de revérifier les indications de vitesse, et Airbus a voulu rappeler ce point. Pas de changement de procédure donc, et l'alerte serait probablement passée inaperçue du grand public si elle n'avait concerné en particulier l'A330, celui-là même qui a disparu en juin 2009 entre Rio et Paris. Or les sondes Pitot sont suspectées d'avoir joué en rôle dans l'accident du vol AF447, qui avait causé la mort de 228 personnes au dessus de l'Atlantique. Interrogé, le PDG d'Air France Pierre-Henri Gourgeon a rappelé que si l'on sait que les sondes ne fonctionnaient pas dans les minutes précédant l'accident, on ne sait toujours pas ce qui a provoqué cet accident. Seule la découverte des boîtes noires permettra de savoir ce qui s'est réellement passé. Une nouvelle phase de recherche commencera d'ailleurs en février 2011.