Le syndicat des pilotes de la compagnie aérienne WestJet a déposé un préavis de grève pour le 19 mai au Canada, tandis qu’aux Etats-Unis celui des PNT de la low cost Southwest Airlines a voté « massivement » en faveur du principe. Et en Espagne, les discussions ont commencé pour des grèves cet été.
Si les mouvements sociaux ont été rares dans le transport aérien depuis la pandémie de Covid-19 qui a ravagé le secteur, le retour à des nouveaux de trafic similaires à ceux de 2019 et la santé financière retrouvée chez bon nombre de compagnies aériennes ont réveillé les ardeurs syndicales. Ainsi chez WestJet, basée à l’aéroport de Calgary, le syndicat de pilotes ALPA a déposé lundi soir un préavis de grève, donnant 72 heures à la direction pour négocier une nouvelle convention collective « juste et équitable ». .
« Bien que des progrès aient été réalisés sur la plupart des éléments non liés aux coûts, les deux parties n’ont pas été en mesure de parvenir à un accord qui servirait au mieux les intérêts de toutes les parties concernées » après neuf mois de négociations, écrit ALPA dans un communiqué. La direction de WestJet « ne parvient toujours pas à comprendre les conditions du marché du travail d’aujourd’hui, ce qui entraîne un exode massif de nos pilotes à la recherche de meilleures opportunités de travail, et d’autres suivront si cet accord ne répond pas aux besoins de nos pilotes », explique Bernard Lewall, président du Conseil exécutif principal de WestJet ALPA.
Le 19 mai 2023 à partir de 3h00 du matin heure locale, les pilotes de WestJet prévoient donc d’entreprendre « une action professionnelle légale, qui pourrait inclure l’immobilisation au sol de tous les aéronefs et l’arrêt effectif des opérations », prédit ALPA. Dont les membres recherchent une meilleure sécurité d’emploi, un salaire conforme aux normes de l’industrie et des horaires plus flexibles pour permettre un meilleur équilibre travail-vie personnelle ». « Sans les améliorations économiques et de sécurité d’emploi dont nos pilotes ont besoin, WestJet clouera des avions au sol car elle n’aura pas assez de pilotes pour les exploiter ou accomplir sa propre stratégie de croissance », prévient Bernard Lewall. D’ici là, les négociations vont continuer.
On en est pas encore à la grève chez la low cost Southwest Airlines, basée à Dallas-Love Field ; mais « après 1163 jours de négociations directes », 9743 des près de 10.000 pilotes du syndicat SWAPA ont voté en faveur d’une autorisation de grève. Le vote, considéré comme « un référendum sur la gestion de la compagnie aérienne » selon le président du syndicat Casey Murray, n’est « pas une tactique mais un moyen d’attirer l’attention de la direction de Southwest Airlines après des années de lentes négociations ».
« C’est un jour historique, non seulement pour nos pilotes, mais pour Southwest Airlines. Le manque de leadership et la réticence à remédier aux échecs de notre organisation nous ont conduits à ce point. Nos pilotes en ont assez de présenter des excuses à nos passagers au nom d’une compagnie qui refuse de placer ses priorités sur ses clients internes et externes », a ajouté le responsable, en référence aux multiples problèmes rencontrés par Southwest l’hiver dernier.
Mais après ce vote, SWAPA doit encore obtenir sa « libération des négociations » par le médiateur fédéral pour lancer le processus légal d’autorisation de faire grève – après une période de 30 jours de « refroidissement des esprits ». L’arrêt de travail désiré par les pilotes ne se fera donc pas avant les vacances d’été, voire l’année prochaine…
En attendant, ils pourraient être rejoints par le personnel de cabine, la section locale 556 du syndicat des travailleurs du transport envisageant également un vote d’autorisation de grève par ses 18.014 hôtesses de l’air et stewards.
Enfin en Espagne, c’est le syndicat de pilotes SEPLA qui évoque une grève durant les grandes vacances – en continuation du mouvement déjà lancé contre les conditions du service minimum imposé dans le transport aérien, qui les oblige à assurer 90% des vols programmés (par exemple dans le conflit actuel sur les salaires des pilotes d’Air Europa). Rappelant que ces règles ont été dénoncées 15 fois par des tribunaux comme contraires au droit de grève, le directeur juridique de SEPLA Oscar Orgeira évrivait la semaine dernière : « Lors des appels à la grève, les revendications des compagnies aériennes sur les services minimaux coïncident toujours avec celles décrétées par la suite par le MITMA (Ministère espagnol des Transports, de la Mobilité et de l’UrbanismeNDMR). En fin de compte, vous vous rendez compte que le ministère et le compagnies aériennes défendent le même intérêt : l’intérêt économique des opérateurs ».
Une conférence de presse la semaine dernière évoquait en particulier le sort des pilotes d’Air Nostrum, mais toutes les compagnies du pays sont concernées par une éventuelle grève – Iberia, Iberia Express, Vueling, Evelop, Plus Ultra et Swiftair en plus des deux déjà citées, mais aussi les transporteurs étrangers disposant de bases dans le pays dont easyJet, Ryanair, Norwegian, Jet2 et Eurowings.
Le secrétaire de SEPLA, Javier Fernández-Picazo, a averti que les travailleurs du secteur de l’aviation sont « fatigués de subir les mauvais traitements du gouvernement espagnol ». Si aucune décision n’a été prise, une action syndicale est clairement « sur la table » – et pourrait être suivie par les PNC et les contrôleurs aériens.
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