Le trafic aérien en Europe a retrouvé des couleurs l’année dernière, certaines compagnies aériennes en particulier low cost dépassant même les niveaux de trafic d’avant la pandémie de Covid-19. Mais le retour aux capacités de 2019 ne se ferait pas avant 2025, principalement en raison du retard encore affiché par les compagnies de réseau.
Selon les statistiques d’Eurocontrol pour l’année 2022, une « large reprise » a été enregistrée malgré deux importants revers. Une phase initiale, de courte durée, a vu l’aviation européenne aborder 2022 avec un niveau « encourageant » de 78% des niveaux de trafic de 2019 (2021 avait commencé à seulement 36% de 2019). Puis le trafic a recommencé à plonger fin janvier, une nouvelle série de restrictions de voyage étant mise en place face à la vague du variant Omicron. Février 2022 a vu « un certain apaisement », le trafic commençant à augmenter doucement pour atteindre 71% des niveaux de 2019.
Mais fin février c’était le « choc soudain et intempestif » de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et les fermetures d’espaces aériens qui ont suivi. Avec à la clé « un grave impact » sur les flux vers l’Orient, et des hausses « massives » de l’inflation et des prix de l’énergie dans tout le continent, « qui ont ralenti la récupération tant attendue de l’aviation ». Malgré tout, les niveaux de trafic ont augmenté régulièrement , même si moins vite qu’espéré, rappelle Eurocontrol : de 71% des niveaux de 2019 en février à 76% en mars, 82% en avril et 86% en mai 2022, le trafic restant depuis « stable dans une fourchette de 86% à 88% ».
Les conséquences de la guerre, si des pointes de trafic à 90% ont été enregistrées durant l’été, ont en revanche entraîné des retards plus importants que prévu. Et l’augmentation rapide de la demande a également révélé « des problèmes majeurs dans l’écosystème de l’aviation » : près de la moitié de ces retards étaient selon Eurocontrol déclenchés par des pénuries de personnel et de capacité « imprévues dans les compagnies aériennes, les aéroports, les assistances au sol et l’immigration » ; retards, annulations de vols et incertitude ont eu un impact certain sur la confiance des passagers.
Avec un trafic de décembre 2022 restant à 87% des niveaux de 2019, et un trafic annuel à 83% de 2019, « 2023 devrait poursuivre sur la voie d’une reprise régulière », avec selon Eurocontrol une fin de l’année qui vient de commencer à 92% du trafic pré-pandémie.
Dans le détail, Eurocontrol souligne pour 2022 les disparités entre pays comme entre compagnies aériennes. Seulement quatre pays ont enregistrés l’année dernière un nombre de vols supérieur à celui de 2019 (Albanie +37%, Arménie +32%, Bosnie-Herzégovine +14% et Grèce +1%). En revanche, la baisse par rapport à 2019 s’échelonne de -3% au Portugal à -36% en Lettonie (hors Ukraine), avec par exemple -8% en Espagne, -12% en Italie, -13% en France, -15% en Belgique et en Suisse ou -20% en Allemagne et -25% au Royaume-Uni.
Côté compagnies aériennes, les low cost « ont été le grand succès de la reprise historique de 2022 » : après un plongeon précoce suite à la vague Omicron, le secteur s’est rapidement développé pour « répondre à la flambée de la demande », à mesure que les contraintes et les restrictions de voyage ont été levées (85% par rapport à 2019 fin 2022). Elles ont selon Eurocontrol « régulièrement surperformé » la plupart de leurs homologues classiques et régionaux. La demande pour les transporteurs traditionnels et régionaux a augmenté parallèlement tout au long de 2022, étant souvent « nécessaires pour maintenir la connectivité régionale pendant le pire de la pandémie » ; les lignes principales et régionales uniquement ont atteint respectivement 75% et 74% des niveaux de 2019. En fin d’année dernière, la part de marché des transporteurs grandes lignes s’élevait à 32,4%, en recul de 3,8%.
Le Top 10 des compagnies aériennes l’année dernière en termes de moyenne de vols quotidiens est sans surprise dominé par Ryanair (9% de plus qu’en 2019, seule dans le vert), devant easyJet, Turkish Airlines qui précède désormais Lufthansa, et Air France. Venaient ensuite KLM, Wizz Air, British Airways, Vueling et SAS Scandinavian (-35% par rapport à la moyenne de vols quotidiens en 2019).
Se rapprocher des niveaux de trafic d’avant la pandémie ne sera cependant « pas facile », prédit Eurocontrol pour les année à venir. Comme 2022 l’a montré, remonter à près de 90% du trafic de 2019 pendant l’été « a causé d’immenses difficultés à tous les acteurs ». Les problèmes de personnel et de capacité largement médiatisés ont été exacerbés par des problèmes de chaîne d’approvisionnement provoqués par la détérioration des perspectives économiques. Alors que la fin de la guerre en Ukraine n’est malheureusement pas en vue, l’indisponibilité de l’espace aérien continuera de perturber flux et mettre la pression sur certains secteurs ; cela exacerbera encore la demande d’espace aérien, car les compagnies aériennes prendront livraison de nouveaux avions et restaureront la capacité.
La demande des principaux marchés asiatiques revient progressivement, suite à la décision de la Chine en décembre dernier d’assouplir les restrictions de voyage et rouvrir aux voyages aériens internationaux. « Tout cela signifie que 2023 devrait être l’année la plus difficile pour le réseau en termes de coordination capacité/demande et de réduction des retards », conclut Eurocontrol. Le retour à la normale, aux niveaux de de trafic 2019, n’est plus prévu qu’en 2025, un an plus tard que dans les prévisions précédentes.
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