L’aéroport de Marseille-Provence a vu 99% de son trafic passager disparaitre depuis le début du mois, et dépense 7 millions d’euros par mois avec des recettes inexistantes qui devraient le voir demander un prêt garanti par l’Etat. Un plan de survie est en route, mais il ne passera pas par la suppression d’un siège sur deux.
Lors d’une conférence de presse tenue en ligne le 23 avril 2020, l’aéroport marseillais n’a pu que confirmer l’impact de la pandémie de Covid-19 sur ses résultats : après un trafic en baisse de 54,6% le mois dernier, « 99% du trafic passager a disparu » durant les trois premières semaines d’avril, a déclaré le PDG d’AMP Philippe Bernand : Marseille-Provence n’accueille plus que 300 passagers par jour, contre entre 20.000 et 30.000 en temps normal, sur une rotation Air France depuis Paris-CDG et de deux à quatre avec Air Corsica depuis la Corse (plus quelques vols ponctuels à destination de Tunis, Londres ou Rome). L’activité fret express a de son côté chuté de moitié en avril, mais quatre vols charter transportant plusieurs millions de masques depuis Shanghai ont été accueillis depuis le 10 avril.
Ce qui entraine automatiquement la disparition des recettes, provenant notamment de la taxe passager. Et cela alors que les dépenses fixes s’élèvent à 7 millions d’euros par mois, souligne le PDG, même si les deux-tiers des infrastructures ont été mises en sommeil et que 75% des salariés sont « à l’arrêt » (dont 58% en chômage technique). Plus de 90% du chiffre d’affaires dépend de l’activité aérienne, et la perte de ce CA s’élève à 13 millions d’euros. Un plan d’économie de 15 millions d’euros sur les charges externes a bien été mis en route, explique le directeur financier d’AMP Patrice Escorihuela, après des emprunts le mois dernier à hauteur de 25 millions. Mais cela ne suffira que pour un temps : « si nous suivons le scénario présenté, nous pouvons tenir sur notre trésorerie jusqu’en septembre 2020. Après nous aurons besoin de 25 à 30 millions d’euros », précise-t-il. L’aéroport envisage donc d’avoir recours aux PGE (Prêt Garanti par l’Etat). Ce n’est « pas seulement un report, qui décalerait dans le temps le problème en hypothéquant l’éventuelle reprise, mais une couverture des coûts » liés à la fiscalité qui est réclamée, précise-t-il.
Marseille-Provence n’est pourtant pas spécialement pessimiste sur la suite, et en particulier la reprise progressive des vols après la levée du confinement le 11 mai – s’il elle n’est pas reportée. Cela commencerait progressivement d’abord sur les vols intérieurs, suivi par une amélioration régulière : un des scénarios envisagés table sur un trafic en baisse de 78% en juin, 54% en juillet, 43% en aout et 29% en septembre, pour ne plus être « que » de 22% en décembre. Pour un trafic 2020 de 5.602.593 passagers, en recul de 46% à celui de 2019. « Nous serions satisfaits » par ce résultat, admet le directeur commercial Julien Boullay. Marseille dispose en effet d’un « avantage » par rapport à certaines autres plateformes de province : 40% de son trafic est domestique, et la majorité du reste est en provenance ou à destination de l’espace Schengen – donc moins soumis à la réouverture des frontières. Quant au trafic affinitaire, son arrêt brutal devrait être compensé les prochains mois.
Si la confiance dans les mesures sanitaires sera indispensable pour redonner l’envie de voyager par avion, et AMP se dit en faveur du port obligatoire du masque, une des mesures évoquées – la suppression d’un siège sur deux au nom de la distanciation sociale – n’est pas du tout appréciée : « c’est une aberration » pour le PDG Philippe Bernand, « alors que dans le même temps les transports en commun ne peuvent pas l’assurer. Il faut une réponse homogène au niveau français et européen pour l’ensemble des transports »…
FL360 a commenté :
24 avril 2020 - 16 h 26 min
“Si la confiance dans les mesures sanitaires sera indispensable pour redonner l’envie de voyager par avion, et AMP se dit en faveur du port obligatoire du masque, une des mesures évoquées – la suppression d’un siège sur deux au nom de la distanciation sociale – n’est pas du tout appréciée : « c’est une aberration » pour le PDG Philippe Bernand, « alors que dans le même temps les transports en commun ne peuvent pas l’assurer. Il faut une réponse homogène au niveau français et européen pour l’ensemble des transports »…”
Tout est dit, et avec un gouvernement complètement dépassé par les événements depuis le tout début de la crise, se contredisant toutes les 30 secondes, on n’attend évidemment rien de lui.
Comment imaginer une seule seconde que la solution puisse sortir du cerveau formaté d’un énarque ? Non ! Elle sera vraisemblablement le fruit d’une décision prise au niveau de l’IATA.
Rame a commenté :
24 avril 2020 - 17 h 34 min
“Comment imaginer une seule seconde que la solution puisse sortir du cerveau formaté d’un énarque ? Non ! Elle sera vraisemblablement le fruit d’une décision prise au niveau de l’IATA.”
Tout à fait sachant que le président de l’Iata est Alexandre de Juniac qui lui aussi est un bon Enarque, de la promotion Michel-de-Montaigne…